Sport

Choisir un sport peu médiatisé peut-il poser des problèmes financiers ?

Membre de l’équipe nationale Belge de kayak depuis 6 ans et toujours pas sponsorisée, Clémence Hulpiau nous raconte tout sur sa situation.

© Diana Kalomiropoulos- Clémence Hulpiau championnat de Belgique

À 21 ans, Clémence Hulpiau est loin d’être une inconnue dans le monde du kayak. Venant d’une famille de kayakistes, elle a littéralement grandi sur l’eau, rejoignant l’équipe nationale belge dès l’âge de 15 ans. Aujourd’hui, elle porte fièrement les couleurs de la Belgique dans les championnat d’Europe et du monde. Cependant, pratiquer un sport n’étant pas représenté lors des Jeux Olympiques et très peu médiatisé en Belgique, peut poser des problèmes. Les sponsors se font rares, les entrainements sont intensifs et les études obligatoires.

Avec votre emploi du temps chargé d’athlète, arrivez-vous à gérer vos études et à organiser vos entraînements au quotidien ?

Je suis entrain de faire une année passerelle vers un master en gestion d’entreprise après un bachelier en comptabilité. Tout en atteignant des résultats tels qu’une médailles de bronze aux championnat du monde sénior en équipe en aout 2024 en Espagne avec Margueritte Dehasque et Laurane Sinnesael. Je pense donc pouvoir dire que oui j’y arrive.

Et puis de toute façon, je n’ai pas le choix. Le kayak reste une passion et il est peu probable qu’il devienne mon métier plus tard.

En tant que sportive nationale, à quoi ressemble une semaine d’entrainement classique ?

Une chose est sûre, on ne peut pas dire que c’est facile. Je dois adapter mes horaires d’entrainement en fonction des cours car je n’ai pas demandé à avoir un aménagement d’horaires. Je m’entraine donc le soir et le matin en faisant 1 à 2 entrainements par jour donc environ 15h par semaine de kayak, muscu et cardio.

Et vous n’avez jamais de compétition pendant les cours ? 

Les compétitons les plus importantes tombent souvent pendant les examens. Mais grâce à mon statut de sportive à l’ADEPS, on peut avancer ou reculer mes examens.

Faites-vous vos entrainements seule ? Ce n’est pas trop redondant à force ? 

En semaine, je m’entraîne sur le canal Bruxelles-Charleroi. C’est vrai que parfois je ne peux plus voir ce canal. Par contre, je m’entraîne seule mais pas vraiment. J’ai plusieurs amis qui s’entraînent en même temps que moi et même si on ne va pas  à la même vitesse, je ne me sens pas seule et au moins, on rigole avant et après les entrainements.

© Diana Kalomiropoulos- Remise des prix championnat du monde 2024 Sabero

« Vous n’êtes pas sponsorisée. Est-ce un choix personnel ? »

Non je n’ai pas de sponsor mais pas par choix car je suis en recherche active. Je pense vraiment qu’il est plus facile d’en trouver dans des petites villes où un sportif affirmé est très vite connu plutôt que dans une grande ville telle que Bruxelles où l’on est un sportif parmi tant d’autres.

Un kayak coute environ 3000€ et une pagaie environ 400€ sans compter le prix des trajets. Comment faites-vous pour vous en sortir financièrement sans sponsor ?

Je n’ai pas de sponsor mais j’ai quand même de l’aide. L’adeps donne des subsides à la fédération de kayak et la fédération quant à elle va décider de comment nous aider. Grâce à ces subsides, je pars en compétitions internationales et en stage gratuitement. J’ai également un coach mental gratuit, une aide diététique et accès à des tests à l’effort sur des machines spécialisées.

Aussi non, je travaille lors des vacances scolaires à l’adeps pour payer tout le reste.

Remarquez-vous une différence entre les hommes et les femmes en Belgique dans le monde du kayak ? 

Étant donné que le kayak est un « petit » sport en Belgique, nous avons tous le même entraineur. Mes entrainements sont donc des « entrainements d’hommes » et ne sont pas adaptés à mes menstruations,… c’est dommage, mais j’ai toujours vécu comme ça et donc ça ne me dérange pas du tout.

Par contre, il est vrai que cela m’est déjà arrivé de me retrouver seule femme au milieu d’hommes, et peut-être que certains besoins spécifiques aux femmes ne sont pas pris en compte, étant parfois minimisés. Par exemple, lors d’un stage, j’avais besoin de tampons et j’ai demandé à quelqu’un d’aller en chercher. À son retour, j’ai dû rembourser mes tampons, tandis que des gâteaux et autres produits avaient été achetés avec l’argent de la fédération. 

J’ai dû rembourser mes tampons, tandis que des gâteaux et autres produits avaient été achetés avec l’argent de la fédération. 

Clemence hulpiau

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