« Double standard » : Quand un style devient tendance en fonction de la personne qui la porte. »
Le monde de la mode est aussi une industrie où règnent les inégalités raciales Pour nous en parler et nous donner son témoignage, styliste, créatrice de créatrice de contenu et directrice artistique, Judith nous partage son histoire…

Apprécier et aussitôt mis de côté, tel est le sort de pratiquement toutes les tendances. Cependant, pendant des décennies, certains styles et esthétiques ont subi cette marginalisation de par le fait qu’il était prédominant dans des communautés racisées. Ce phénomène malheureux met en lumière une problématique qui perdure : La considération des races dans la société.
« La provenance avant la qualité » , telle pourrait être une des devises qui a guidé le monde de la mode et de l’influence pendant de nombreuses années. En effet, un réel mécanisme d’invisibilisation de la femme racisée, et plus particulièrement la femme noire s’est mis en place et a été établi comme étant une norme. Cela a eu pour effet de rendre une carrière dans la mode semblable à l’ascension de l’Everest pour quiconque ne correspond pas aux critères occidentaux.
Comment se construisait le parcours d’une femme racisée qui avait une esthétique qui représentait ces origines et qui voulait évoluer dans la mode ?
Avant c’était très compliqué pour une femme racisée de trouver sa place dans le milieu de la mode. On le sait tous, il y avait ce côté « white supremacy » qui était en avant. Je donnerai l’exemple d’Anne Lowe, c’est une designeuse du 20e siècle. À son époque, les standards de beauté étaient très euro-centrés. C’était une couturière afro qui était très talentueuse, elle a créé pour l’élite américaine pendant près de 70 ans. Mais elle n’a presque jamais été mise en avant.
« C’était vraiment difficile pour une femme noire de s’acclimater et d’avoir sa place. Socialement, ce n’était pas acceptable parce que la femme noire n’était pas acceptée à l’époque. »
judith
À quel moment, est que vous pensez qu’il y a eu un « shift » de considération des esthétiques attribuées aux personnes racisées et quels en ont été les catalyseurs ?
L’arrivée de BLM -en 2019- a marqué un stop a tout ça. Et à partir de ce moment, on a vu apparaitre du développement au niveau des représentations. Je pense aussi qu’il y a eu une évolution en termes de tendances et, là, nous sommes tombés sur l’ère des personnes racisées. Les réseaux nous ont aussi permis de nous mettre en avant. J’ai fait part de ce développement-là, car, en tant que créatrice, de contenu, j’ai commencé aussi à montrer mes « looks« , ce qui n’était pas forcément à la mode. Il y a aussi certaines célébrités qui ont joué un rôle très important en mettant en avant des esthétiques diversifiées.

Au-delà de la représentation, est-ce que l’appréciation a évolué ?
Largement, par exemple, moi qui suis une personne noire de peau foncée, je n’étais pas « à la mode » même dans ma propre ville. Mais aujourd’hui, avec tout ce qui est arrivé comme représentation c’est devenu un mode. Même au niveau de la chirurgie esthétique, que ce soit se donner des attributs racisés, comme les lèvres, le corps ou encore se bronzer la peau. On est passé d’un temps où ces attributs étaient dénigrés et ridiculisé pour au final être désiré par la femme et par les hommes. Je pense qu’on est arrivé à un point où toutes les minorités sont mises en avant.
Et pour terminer cette interview avez-vous un déclaration à ajouter ?
J’espère que les personnes racisées ne resteront pas seulement une tendance et qu’elles puissent continuer à exploiter leur potentiel et qu’elles puissent se développer pour qu’on puisse le traiter comme des personnes à part entière parce que nous avons de nombreux talents et des richesses.