Parité : pari raté pour le gouvernement
Le nouveau gouvernement fédéral belge ne compte que 26 % de femmes. Cette baisse soulève des questions sur la représentation des femmes en politique et sur l’impact que cela peut avoir sur les décisions gouvernementales et la perception de la politique par les citoyens.

Le gouvernement fédéral belge compte 4 femmes pour 11 hommes. Ce chiffre montre une forte diminution par rapport au gouvernement De Croo, qui affichait une parité parfaite. Dans le climat actuel de la société, cela suscite beaucoup de questions quant à la représentation des femmes au sein de celle-ci et dans leur rôle à jouer en politique.
Pour Audrey Vandeleene, politologue, cette question du non-respect de la parité dans le gouvernement est essentielle. Cette chercheure postdoctorale et maitre de conférences à l’ULB est particulièrement attentive à l’importance de cette problématique et explique avec clarté les enjeux liés à cette sous-représentation dans cette interview.
En quoi est-il crucial de respecter la parité dans un gouvernement ?
« Le premier élément, c’est la représentation substantive. Les personnes qui font partie d’un groupe social ont tendance à représenter naturellement les intérêts de ce même groupe. Il est plus naturel de défendre les intérêts d’un groupe quand on en fait partie. »
« Ils doivent montrer l’exemple, sinon ce n’est pas démocratique »
« Le deuxième élément est de l’ordre du symbolique. Une représentation équilibrée des deux genres est ce qu’il y a de mieux pour la représentation de manière générale. C’est donc le fait que les personnes puissent se projeter dans des fonctions politiques et accorder de la légitimité au gouvernement. »
Si le gouvernement fédéral est majoritairement composé d’hommes, est-ce que les décisions qui y seront prises seront à tendance masculiniste ?
« On ne peut pas le garantir, mais c’est sûr qu’il y a plus de chance qu’elles le soient que si le gouvernement avait été paritaire. Dans le gouvernement fédéral, ils sont 15 pour seulement 4 femmes. Dans le KERN, qui est le groupe des vices-premiers ministres et du Premier ministre qui se concerte pour les grandes décisions du gouvernement, il n’y a pas de femmes. Par rapport à l’équilibre des pouvoirs dans le gouvernement, il y a environ 26 % de femmes, mais dans le KERN, il y en a 0, ce qui est très problématique. »
Est-ce que la politique devrait montrer l’exemple quant à la parité ?
« La politique, c’est un domaine qui est extrêmement visible et présent sur les médias. C’est donc important de montrer l’exemple d’un point de vue symbolique parce qu’une politique paritaire offre des modèles visibles de pouvoir qui influence la perception de la population. Ce n’est pas seulement « montrer l’exemple », mais ils doivent le faire, sinon ce n’est pas démocratique. »
Quels impacts l’image de ce nouveau gouvernement peut réellement avoir sur la société ?
« L’impact sur le symbole est assez mauvais quant à l’intérêt pour les politiques des différentes catégories de la population. On a un gouvernement qui ne compte que 2 jeunes, qui est 100 % blanc et qui n’est composé que d’un quart de femmes. »
« C’est problématique pour l’image que les citoyens ont de la politique. On sait que les citoyens n’ont pas beaucoup confiance en la politique et voir la présence de personnes qui nous ressemblent peut augmenter cette confiance. »
Peut-on vraiment parler d’un recul généralisé de la parité en politique belge ?
« Il faut quand même nuancer parce que la Belgique est un État fédéral avec des régions et des communautés et elles ont beaucoup de compétences. Ces gouvernements-là sont paritaires et il y a même plus de femmes. Le gouvernement wallon est totalement paritaire (4 et 4) et le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi que le gouvernement flamand comptent même 2/3 de femmes. Ce qui, dans une certaine mesure, n’est pas idéal non plus si on veut respecter la parité. »
Peclers Martin