Culture

Comment le cinéma peut être une forme de résistance queer ?

Photo de la conférence chez Cinematek. Prise le 20 février 2025 (Photo mobile).

Jeudi, 20 février à 19h, la salle Ledoux de la Cinémathèque Royale de Belgique était pleine. Les cinéphiles étaient prêts à explorer le style de cinéma queer camp par le biais d’une conférence organisée dans le cadre du programme « Rendez-vous Our story ». Informative et accessible a un public large, cette session a fait découvrir un peu le cinéma queer et le style camp

Le cinéma queer est à la fois un espace d’émancipation, parce que les gens peuvent faire des films, et un instrument de discrimination, parce qu’il n’y a pas d’endroit où les diffuser. La façon dont ce cinéma vit dans la société était également l’un des thèmes de la conférence à laquelle nous avons assisté à la Cinémathèque.

Pendant environ 1h20, madame Iris Lafon, programmatrice du Rendez-vous Our Story, nous a enchantés avec sa présentation. La conférence affichait complet et plusieurs personnes faisaient la queue dans l’espoir que quelqu’un l’ait manquée pour prendre leur place. 

Le public était composé de personnes d’âges divers, queer et non queer, mais surtout des gens qui aiment le cinéma.

Une conférence ludique et bon esprit 

Différents thèmes ont été abordés, le cinéma queer en général et de la prédominance du style queer camp dans le cinéma à partir des années 60.  Les personnes présentes ont été réactives en montrant leur enthousiasme, en laissant échapper quelques rires de temps en temps. Il n’y a pas eu de temps pour les questions et les réponses car le temps était compté.

« Je suis contente qu’il existe une plateforme dédiée à la mise en lumière du cinéma queer, à sa popularisation et à la déconstruction des codes qui semblait un peu abstraits pour certains. »  Nous a confessé Sonia Wagner, étudiante en Master d’Arts du Spectacle à ULB. 

Sonia Wagner, étudiante en Master à ULB. Prise le 20 février 2025 (Photo mobile).

Comme dans la société en général, dans le cinéma queer aussi, l’homme blanc occidental a une plus grande place de représentation que les femmes lesbiennes, non blanches et non occidentales.

« Se camper »

Mais finalement qu’est-ce que le style camp ?

Le camp, terme anglais tiré du français « se camper » que ça veut dire prendre la pose, est une des notions plus discutées de la queer theory.

Ce style a commencé à trouver sa place dans l’aristocratie anglaise, où les vêtements et les manières gestuelles associés à l’image d’Oscar Wilde, par exemple, sont considérés comme ses prémices dans ce style contemporain. 

Tout ce qui est camp est artificiel et extravagante.

Ces caractéristiques principales sont l’esthétique exagérée et kitsch, performance théâtral exubérante, ironie, absurde, humour que se moque des conventions de la société hétéronormative, exagérer la société que rééjecte le queer (principalement la religion et la famille), subversion des normes de genre et de la sexualité, références de la pop culture et du cinéma classique. 

Le camp a récemment été le thème du MET Gala 2019 (la plus grande soirée de mode que prend place chaque année au Métropolitain Museum of Art de New York).

Dans le cinéma, les exemples emblématiques sont le film « The Rocky Horror Picture Show » (1975) de Jim Sharman et les films du cinéaste Pedro Almodóvar d’une façon générale. 

En Belgique, ce style est également représenté dans les films « Pink Ulysses » de Eric de Kuyper (1990) et « Saute ma ville de Chantal Akerman. 

Madame Iris Lafon, recommande à nos lecteurs quelques films récents pour leur faire découvrir le camp : un film mainstream « Love Lies Bledding » de Rosa Glass (2024) ; dans le milieux francophone « Les Reines du Drame » de Alexis Langlois (2025) et « Johanne Sacrebleu » de Camila Aurora Gonzalez (2025), ce dernier une parodie et une protestation contre le film français Emilia Pérez.

Madame Iris Lafon, programmatrice du programme Rendez-vous Our story. Prise le 20 février 2025 (Photo mobile).

Le partage est la résistance

Il est important que le cinéma queer existe dans un but d’archivage, par exemple pour que les gens puissent voir comment un couple gay était représenté dans les années 1960, mais aussi dans un souci de représentativité. Plus le queer est accessible, plus les gens peuvent se rendre compte qu’ils sont queer et ça devient plus simple s’assumer. 

Le cinéma queer est fait pour le queer mais aussi pour être partagé. La plupart du temps le cinéma queer on le trouve de la manière pirate car les films sont souvent censurés ou les gens ne veulent pas les montrés. 

Sur la scène belge, le festival « Pink Screens » est très important pour la communauté queer et pour la faire connaître. En plus du festival, il y a maintenant des projections mensuelles de cinéma queer.

La chose la plus importante est de parler du cinéma queer, d’écrire des articles, de regarder des films, d’organiser des festivals …. Parce qu’en parlant des choses, nous ne les laissons pas mourir.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *