Neutralité carbone en route vers 2030 : Les voitures électriques sont-elles la solution miracle ?
D’ici 2030, la Belgique vise la neutralité carbone, et l’électrification des transports est au cœur de cette transition. Mais entre les bornes de recharge insuffisantes, le coût élevé, les batteries controversées, la voiture électrique est-elle vraiment la clé d’un futur neutre en carbone ? À quoi ressemblera réellement le secteur des transports dans une ville comme Bruxelles ?

Sur la place Flagey, Simeon branche sa voiture électrique sur l’une des rares bornes de recharge disponibles. « Ce n’est pas toujours facile de trouver des bornes libres ou qui ne sont pas en panne », soupire-t-il. Pourtant, il ne regrette pas son choix. « C’est un vrai plus à long terme. » Mais est-ce vraiment le cas ? L’électrification des transports est-elle réellement la clé pour atteindre la neutralité carbone en Belgique ?
La Belgique s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour y parvenir, une étape intermédiaire clé est fixée pour 2030 : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 47 % par rapport aux niveaux de 2005 dans les secteurs dits non-ETS (transport, bâtiment, agriculture, déchets). Aujourd’hui, les transports représentent 23 % des émissions de gaz à effet de serre, en particulier le secteur du trafic routier.
La transition automobile est en marche, mais qu’en est-il de la réalité sur le terrain ?
La voiture électrique offre une expérience agréable, mais certains aspects restent encore problématiques, notamment l’infrastructure de recharge. « Sur les longs trajets, il faut vraiment bien planifier ses arrêts de recharge. En ville, ça va mieux, mais il arrive encore parfois que des bornes soient occupées ou hors service, ce qui peut être frustrant », déclare Simeon Atanasov, utilisateur d’une voiture électrique. Ce qui manque, ce sont plus de bornes rapides, notamment sur les autoroutes, mais aussi une meilleure fiabilité des bornes existantes.
Quant à l’autonomie, ce n’est apparemment qu’une habitude à intégrer dans son quotidien et une organisation en plus. « Au début, ce n’était pas évident, quand je ne maîtrisais pas encore bien la gestion de l’autonomie. Sur les longs trajets, il faut vraiment bien planifier ses arrêts de recharge. »
Pour beaucoup, le prix d’achat d’un véhicule électrique reste un frein. Le prix d’une voiture électrique reste supérieur à celui d’une voiture thermique, même avec des aides. L’assurance, elle, peut également être plus chère. Un professionnel du secteur souligne : « Beaucoup de clients sont intéressés, mais hésitent à cause du prix qui reste très élevé. »
Mais selon Simon, il y a quand même des avantages économiques : « Recharger ma voiture me coûte beaucoup moins cher qu’un plein d’essence, et pour l’entretien, il y a moins de pièces qui peuvent s’user. »
« L’industrie change trop vite, et ce sont les emplois qui payent le prix »
Au-delà de l’expérience des conducteurs, c’est toute l’industrie automobile qui est bouleversée par cette transition. Le passage du thermique à l’électrique implique une réduction des postes. L’usine Audi de Forest a cessé de produire certains modèles thermiques, entraînant des suppressions d’emploi. Et ce n’est qu’un début, selon Olivier Kanto. « Pour moi, au niveau de l’emploi, ça va faire des dégâts. Déjà, à Forest, Audi arrête sa production et d’autres sites suivront. On voit aussi que certains constructeurs font marche arrière et réinvestissent dans le moteur thermique. L’électrique n’est plus aussi en vogue qu’avant. »
Alors que certains constructeurs avaient annoncé une transition totale vers l’électrique, d’autres font machine arrière car le marché ne suit pas aussi rapidement que prévu, notamment en raison des coûts d’achat élevés et des infrastructures de recharge encore insuffisantes. Des marques comme BMW et Mercedes commencent à réinvestir dans le moteur thermique en raison des difficultés d’approvisionnement en matières premières pour les batteries et des lenteurs dans l’adoption des voitures électriques par les consommateurs. Ce retour en arrière pourrait retarder la transition vers l’électrique.
Même si la Belgique vise la neutralité carbone d’ici 2030, notamment grâce à l’électrification des transports, cela reste néanmoins un défi majeur. Son avenir dépendra des évolutions technologiques et des politiques mises en place pour accompagner à la fois les automobilistes et les travailleurs du secteur.