Dette publique en 2025 : le nouveau gouvernement a-t-il les moyens de renverser la vapeur ?
Au cours des dernières années, la dette belge n’a cessé d’augmenter, atteignant 106,6 % du PIB en 2025, soit 520,2 milliards d’euros, selon les prévisions de la Commission européenne. Cette hausse s’accompagne d’un déficit budgétaire en progression, suscitant des inquiétudes quant à la stabilité économique du pays.

Si cette dette continue d’augmenter, plusieurs risques sont à prévoir, dont la hausse des taux d’intérêt, rendant la dette encore plus coûteuse, une crise financière semblable à celle de la Grèce en 2012, une perte de confiance des investisseurs, mais aussi un impact direct sur la qualité de vie.
Avec cette situation critique à l’esprit, le nouveau gouvernement, mis en place en février 2025, a pour mission de freiner cette tendance et d’adopter des mesures concrètes.

Pour mieux comprendre les enjeux, nous avons interrogé Alexandre De Geest, administrateur général de l’Administration de la Trésorerie, président du comité stratégique de l’Agence fédérale de la dette, administrateur chez Dexia et président du comité de gestion du Fonds de protection des dépôts.
Q : Pourquoi une dette élevée pose-t-elle un problème à long terme et qui devra en assumer la charge ?
Alexandre De Geest : « Plus la dette est élevée, plus les intérêts à payer sont importants. Comme ces dettes s’étendent sur du très long terme, la question est de savoir qui en supportera la charge. Sera-t-elle financée par les impôts actuels ou bien par les générations futures ?
La Belgique a actuellement une dette détenue par divers acteurs, dont des investisseurs belges (banques, fonds de pension, assurances, etc.), des particuliers, mais également des investisseurs étrangers : banques centrales, fonds souverains.
Il existe un véritable danger géopolitique : si un pays comme la Chine possédait une proportion significative de la dette belge, cela pourrait menacer l’autonomie économique du pays. Cependant, au-delà de ces réflexions, c’est l’action du gouvernement élu récemment qui suscite des attentes pour renverser cette tendance préoccupante. »
Q : Quelles sont les mesures mises en place par le gouvernement pour réduire la dette ?
Alexandre De Geest : « Le gouvernement en place en 2025 a défini plusieurs axes pour stabiliser et réduire la dette publique. Parmi les principales mesures figurent l’augmentation de certaines taxes ciblées, notamment sur les transactions financières et les grandes entreprises, ainsi que la réduction des dépenses publiques dans certains secteurs non essentiels, tout en maintenant le financement des services de base.
Le gouvernement mise également sur l’encouragement à l’emploi et à l’investissement, afin de stimuler la croissance et de générer davantage de recettes fiscales. Enfin, une privatisation partielle d’actifs publics, comme certaines entreprises détenues par l’État, est envisagée pour injecter des liquidités et rembourser une partie de la dette.
Ces mesures font encore l’objet de débats, et leur efficacité dépendra de leur mise en œuvre concrète ainsi que de la réaction des marchés financiers. »
Alexandre De Geest : « Il existe deux types de mesures principales :
Soit Les mesures budgétaires : elles visent à réduire le déficit en augmentant les recettes fiscales et en limitant les dépenses publiques.
Soit Les réformes structurelles : elles incluent la réforme des pensions et celle du marché du travail, afin de modifier l’équilibre à long terme entre recettes et dépenses. »
Q : Peut-on espérer une diminution significative de la dette dans les années à venir ?
Alexandre De Geest : « La dette ne va pas diminuer en valeur absolue et, en termes relatifs, sa réduction reste compliquée. Certaines dépenses futures ne sont pas financées, et l’Europe risque un décrochage économique face aux États-Unis et à la Chine. L’absence d’investissements dans l’innovation est une menace pour notre croissance.
Malgré la volonté du gouvernement, la dette belge ne va pas disparaître à court terme. Si rien n’est fait, les générations futures en paieront le prix, avec une baisse potentielle de la qualité de vie et un affaiblissement économique du pays. »
