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Insécurité au Peterbos : deux générations face à une même réalité

Longtemps perçu comme un quartier plutôt calme en dehors du centre-ville, le Peterbos, situé à Anderlecht, a vu son image se transformer au fil des années. Comment ses habitants vivent-ils cette transformation ? C’est la question que l’on s’est posée. Deux générations : une jeune, une moins jeune, livrent leur ressenti sur l’insécurité qui ne fait qu’accroitre dans le quartier.

« Je ne me sens plus vraiment chez moi. » Cette phrase, prononcée par un habitant du Peterbos présent depuis plus de six ans, résume à elle seule le malaise sûrement ressenti par de nombreux résidents. Nuisances nocturnes, trafic de drogue, sentiment de délaissement, le quartier semble avoir perdu une partie de son identité, l’atmosphère a plus que changé. Mais qu’en pensent ceux qui y ont grandi ?

Mieux avant … ?

Pour les habitants installés depuis plusieurs années, le Peterbos était un quartier tranquille, bien desservi et proche des grands axes. « Quand je suis arrivé, c’était plus calme que maintenant », confie Ludovic Tordeurs. Il y a six ans, cet habitant d’une soixantaine d’années a fait le choix du Peterbos pour sa proximité avec le Ring et ses transports en commun. « Cependant, il y a environ deux ans, l’ambiance a changé. La nuit, des voitures mettaient de la musique à fond, et j’assistais parfois à des ravitaillements de drogue sous mes fenêtres », confie-t-il.

L’insécurité s’est accentuée, marquée par la présence étrangère au quartier et un climat tendu. « Je n’ai jamais été victime d’agression, mais j’ai déjà été entrainé, à mon insu, dans une course-poursuite. Des voitures me prenaient dans un engrenage que je ne pouvais éviter, elles allaient à toute allure. Aujourd’hui, je me sens moins à l’aise. »

Une jeunesse consciente mais résiliente

De l’autre côté, Clémentine Darte, arrivée plus tard dans le quartier, nuance cette vision. « J’étais au courant de la réputation du quartier concernant la drogue, mais je pensais que cela ne me concernerait jamais directement. » Si elle affirme encore s’y sentir en sécurité, elle avoue qu’il faut redoubler de vigilance et être plus prudent qu’auparavant. « Le soir, j’évite de sortir ou de rentrer tard. »

Marquée par la récente fusillade début février, qui a eu lieu peu de temps après son anniversaire, elle montre un changement évident :

« Ces événements m’ont marquée à vie. Avant, je n’y prêtais pas attention, mais maintenant, c’est impossible de les ignorer. » Toutefois, elle refuse que la délinquance définisse entièrement le quartier : « Les médias en donnent une image trop noire. Certes, il y a des problèmes, mais ce n’est pas que ça, il n’y a pas que des jours noirs. »

Quel avenir pour le Peterbos ?

Si certains habitants rêvent de partir, d’autres restent attachés à ce lieu, par choix ou par nécessité : « J’y ai pensé, mais c’est compliqué avec mon travail », nous explique Ludovic, comptable. Quant à l’avenir du quartier, les avis divergent. « J’espère sincèrement voir un changement dans les mois qui viennent. Ce serait dommage de laisser le terrain aux malfaisants. » Question justice ? : « Je ne sais plus vraiment si la présence policière peut faire une différence. » Pour lui, la répression doit en tout cas « être plus forte ».

Le Peterbos change. Entre espoir et inquiétude, entre attachement et lassitude, ses habitants continuent d’y vivre, adaptant leur quotidien à une insécurité grandissante. La question demeure : ce quartier peut-il vraiment retrouver son calme, ou est-il condamné à cette nouvelle réalité ?