« On ne peut pas continuer dans ces conditions »
Horaires épuisants, suppression de postes, pression constante : les employés de la SNCB tirent la sonnette d’alarme.

La grève massive qui a récemment mis à l’arrêt le réseau ferroviaire belge n’a surpris personne en interne. Derrière ces longues journées de mobilisation, il y a des travailleurs remontés, épuisés et inquiets pour leur avenir ainsi que pour la qualité du service qu’ils offrent au quotidien. Angi Guri, 30 ans, employée à la sncb et collaboratrice pour Eurostar depuis 3 ans est polyvalente: elle contrôle, elle annonce les départs sur les quais, fait les annonces aux voyageurs, … Elle fait partie de ces agents qui ont décidé de prendre la parole. Souriante et discrète. Voilà ce qui caractérise Angi. Elle témoigne de son quotidien et des raisons qui l’ont poussée à rejoindre le mouvement.
« C’est un métier que j’adore », dit-elle. « Mais ces derniers temps, il devient éprouvant »
Des conditions de travail qui deviennent de plus en plus difficiles
Comme beaucoup de ses collègues, Angi a vu son quotidien de travail se dégrader. « Nous sommes de moins en moins nombreux sur le terrain ce qui crée plus de travail et de responsabilité pour les autres » Les suppressions de postes et les démissions combinées à des horaires irréguliers et à des conditions de travail éprouvantes créent un climat de tension.
« On nous demande d’être polyvalents, d’encaisser les retards, de gérer les conflits à bord, … Tout ça avec des plannings de plus en plus serrés. J’enchaîne souvent des journées de travail sans avoir eu une vraie bonne pause correcte »
Ces préoccupations sont partagées par de nombreux syndicats qui dénoncent une pression constante et croissante sur les agents. Selon un rapport interne de la SNCB, les absences pour maladie ont augmenté de manière significative ces dernières années. Un indicateur clair de l’instabilité qui règne dans l’entreprise belge.
Un soutien naturel à la grève
Angi n’a pas hésité à se joindre au mouvement de grève. « C’est naturel pour moi, il en est du sort de mon métier mais aussi par respect de mon travail » L’une des grandes inquiétudes des grévistes est la suppression de HR-Rail, l’entité qui gère le personnel de la SNCB et d’Infrabel. Pour le moment, de nombreux travaux sont effectués sur les lignes par Infrabel. Cela implique de nombreuses suppressions de trains en dehors des grèves. Par exemple, la ligne qui relie Charleroi central et Anvers central est régulièrement interrompue durant les week-ends et remplacée par un service alternatif de bus. « Ça met en danger des centaines d’emplois et risque de précariser encore plus notre statut » s’indigne Angi. Elle souligne aussi l’impact pour les usagers : « Un réseau ferroviaire qui fonctionne mal, c’est un service public qui se dégrade et ce sont les usagers qui en payent les frais quoi »
Cette position est fortement partagée par les syndicats qui estiment que la réforme en cours pourrait nuire à la qualité du service.
Un avenir incertain
Malgré la mobilisation, Angi sait que les choses ne bougeront pas du jour au lendemain. « On espère au moins que cette grève aura fait assez de bruit. On ne peut pas continuer dans ces conditions » Elle reste néanmoins attachée à son métier et à l’idée d’un transport ferroviaire accessible et fiable. « J’aime ce que je fais, mais j’ai besoin de me sentir en sécurité quant à mon avenir dans ce métier. Malheureusement, je ne suis pas certaine qu’aujourd’hui ce soit encore le cas. »
Le combat des agents de la SNCB ne fait que commencer. C’est maintenant au gouvernement et à la direction d’agir. Entendront ils les revendications de ceux qui, chaque jour, font rouler les trains du réseau ferroviaire belge?
