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« Nous sommes les oubliées du combat pour l’égalité »

Lamia El Melcaoui militante féministe
(https://www.instagram.com/lamia.emc/)

Dans les coulisses de la vie de Lamia El Melcaoui : la voix des oubliées du féminisme. Racisée, bisexuelle et féministe, Lamia brise les codes de société. 

Lamia est une personne extrêmement sociable, elle n’a aucun problème à parler de tout et surtout des sujets qu’ils lui tiennent à cœur. 

Féministe depuis quelques années, elle se sent réellement militante et investie dans la cause depuis plus de 2 ans. Elle est en couple depuis quelques mois avec une jeune femme également impliquée dans le féminisme et Lamia est également végétarienne depuis 5 ans. 

Lamia vit seule depuis ses 19 ans dans la région de Bruxelles et a pu pleinement s’épanouir dans sa nouvelle vie d’indépendance : « Depuis que je suis seule, je peux vraiment être moi-même, je peux plus m’assumer et je me sens moins jugée ». 

Lamia est souvent décrite par ses proches comme une personne qui a réussi à casser les codes, et elle nous en fait part : « On me dit souvent que je suis l’exception, je suis une femme racisée, bisexuelle, végétarienne, tatouée et percée de partout, ce n’est pas hyper commun ». 

Féministe et bisexuelle : c’est compatibles

D’origine maghrébine et ayant grandi dans une famille conservatrice des traditions et de la religion, Lamia a pris du temps à annoncer qu’elle faisait partie de la communauté LGBTQ+ : « je l’ai toujours su au fond, mais c’était compliqué à annoncer surtout quand tu sais l’environnement familial où je suis […] et encore maintenant, il n’y a que ma mère qui est au courant ». Faisant partie d’une communauté minoritaire, elle nous explique que cette « différence » n’a pas toujours été très facile à gérer.

« Pendant un moment, on me faisait sentir illégitime de me dire féministe parce que je ne suis pas hétéro, alors que, justement, le but du féminisme c’est de pouvoir inclure toutes les femmes, et pas seulement la moitié d’entre elles […] au fond, on recherche toutes la même chose : l’égalité ». La jeune femme nous a informés que c’est seulement ces dernières années, où la communauté LGBTQ+ était plus démocratisée dans les médias, qu’elle se sent plus à sa place dans le combat des femmes. « On ne m’a jamais réellement reprochée d’être féministe et bisexuelle, mais j’ai déjà eu une fille militante, soi-disant, qui m’a dit que je ne côtoyais pas assez d’hommes pour savoir ce qu’était l’inégalité entre les deux ». 

La défense des femmes dans l’ombre

À seulement 21 ans, Lamia souhaite faire entendre sa voix, mais également celle des femmes qu’on laisse dans l’ombre : « Étant moi-même dans une situation particulière, je remarque que, parfois, quand on fait partie de certaines communautés minoritaires, on se sent moins compris et entendu dans la lutte des femmes ». 

Lamia essaye de mettre l’accent et de faire comprendre à travers cet interview que le féminisme est centré sur la femme dite « de base » dans la société. « On est plus dans une défense de la femme blanche, hétéro, avec pleins d’amis et qui a une stabilité financière. Pourquoi, en étant différentes, on ne doit pas se sentir écoutées et comprises ? […] on défend les femmes, mais si c’est une femme voilée, par exemple, elle n’est pas incluse dans la lutte, pourquoi ? C’est une problématique sociétale». Cette différence d’inclusivité ne concerne peut-être pas toutes les féministes, selon Lamia, mais c’est son opinion et, selon elle, toutes les femmes doivent se sentir concernées dans les événements de lutte pour l’égalité et les femmes doivent se soutenir et s’assembler afin de faire comprendre qu’il a encore trop d’inégalités des sexes « Oui, on progresse, mais toujours pas complètement », finit Lamia.