Mathilde Verougstraete : un combat pour l’égalité des genres au travail
Malgré des décennies de progrès législatifs en faveur de l’égalité professionnelle, les discriminations de genre restent courantes dans de nombreux secteurs. Mathilde Verougstraete, coordinatrice du projet « Gender & Work », explique pourquoi cela persiste et comment agir pour un changement durable.
« En tant que femme, on est déjà confrontée à de nombreuses discriminations. Subir les microagressions et en voir l’effet sur les femmes me contraria vraiment », confie Mathilde. « J’étais assez sensible aux inégalités, donc ça me mettait fort en colère. Et après, moi, je te parle en tant que femme, hétéro et blanche, donc j’ai aussi une vision. » C’est cette prise de conscience et son désir de changer les mentalités qui l’ont poussée à s’investir dans le projet « Gender & Work ». « Les inégalités de genre ne se limitent pas aux écarts de salaire ou au travail à temps partiel. Il y a des discriminations plus subtiles, ancrées dans le fonctionnement même du marché du travail. Il faut un travail de fond pour changer cela », ajoute-t-elle.
Mathilde Verougstraete est une femme dont le sourire contagieux et les yeux bleus témoignent de sa passion pour les causes qui lui tiennent à cœur. Ses cheveux dorés et ondulés ajoutent à son image chaleureuse, mais c’est avant tout son regard déterminé, empreint de conviction, qui attire immédiatement l’attention. Diplômée en neuropsychologie de l’ULB, Mathilde a suivi un parcours atypique avant de rejoindre l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes. Son engagement pour les causes sociales l’a conduite à explorer plusieurs secteurs. Elle a débuté sa carrière à « La Clairière », une école pour enfants handicapés, puis a travaillé sur la refonte de la base de données d’une organisation jeunesse.
« J’avais un diplôme en neuropsychologie, et on attendait que je devienne neuropsychologue. Mais je n’étais pas convaincue par cette voie, et je voulais un travail ayant un impact sociétal », explique-t-elle.
Un projet clé pour les femmes vulnérables
Le projet « Gender & Work », toujours en cours, continue de jouer un rôle essentiel, notamment avec une étude sur la pénurie de travailleurs dans le secteur des soins, accentuée par la crise du Covid-19.
« Les infirmières, par exemple, ont été en première ligne, mais leur travail reste sous-valorisé », souligne Mathilde.
Une autre initiative soutient, depuis un an et demi, 18 associations qui aident des femmes vulnérabilisées par la structure de l’emploi belge. Plus de 500 femmes ont reçu un soutien pour surmonter les obstacles, améliorer leurs conditions de travail ou trouver une garde d’enfants. « Ce projet a renforcé les liens entre associations et a offert une reconnaissance publique aux participantes, notamment lors d’une visite avec la secrétaire d’État de l’époque, Marie-Colline Leroy », ajoute Mathilde.
Pour une meilleure inclusion des femmes
Mathilde est convaincue qu’il faut repenser le système de travail pour mieux inclure les femmes. « Le marché du travail a été conçu pour des hommes avec des femmes à la maison. Ce système doit changer », déclare-t-elle. Parmi les mesures essentielles, elle évoque l’augmentation des places en crèche, un congé de naissance plus long et mieux rémunéré pour les pères ou coparents, ainsi que la reconnaissance des diplômes étrangers, un obstacle majeur pour l’intégration des femmes immigrées.
Elle souligne aussi la nécessité de sensibiliser aux discriminations encore trop présentes, qu’il s’agisse de la maternité, de la ménopause ou de la sous-représentation des femmes dans les postes de décision. « Les discriminations liées à la maternité sont un problème majeur dans les entreprises. Mais il y a aussi celles liées à la ménopause, rarement abordées », explique-t-elle. Mathilde défend également la mise en place de quotas dans les instances dirigeantes, estimant qu’ils sont nécessaires pour garantir la prise en compte des enjeux spécifiques aux femmes.
« Les discriminations ne disparaitront pas en un jour. Mais chaque action compte et contribue à faire avancer les choses », conclut Mathilde. Le chemin reste long, mais avec son équipe, elle travaille chaque jour àfaire de l’égalité des genres une réalité.
