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Études et job étudiant : un quotidien épuisant

Un étudiant sur deux travaille pour financer ses études. Mais au-delà des chiffres, c’est un combat quotidien qui se joue : celui de la précarité et du sacrifice.  

Camille, 23 ans, est une jeune femme brune aux cheveux bouclés et aux yeux bleus perçants. Actuellement en master, elle jongle entre son travail d’infirmière et son statut d’étudiante. Grâce à sa détermination, elle a réussi à intégrer un master en deux ans au lieu d’un, bénéficiant d’horaires aménagés qui lui permettent de suivre ses cours sans se soucier des contraintes d’un emploi classique. Mais cela n’a pas toujours été le cas. 

Durant ses quatre années d’études en soins infirmiers, elle a dû cumuler plusieurs petits emplois pour subvenir à ses besoins. Entre babysitting, aide à la personne et aide-soignante en hôpital. Aujourd’hui, elle revient sur son parcours, entre défis financiers, pression académique et persévérance. 

Jongler entre cours et petits boulots 

La principale difficulté pour Camille, durant ses quatre années d’études en soins infirmiers, a été de devoir prolonger son parcours. En troisième année, elle a redoublé, passant ainsi d’un cursus de quatre à cinq ans. Elle revient sur cette épreuve : 

« Ce n’était pas une année simple, j’ai eu du mal à accepter cette nouvelle. Je n’avais aucune envie de recommencer une année supplémentaire. En plus de ça, je commençais à douter de mes études. Les premières années ont été marquées par le Covid. On s’est retrouvés du jour au lendemain à devoir apprendre des gestes techniques en regardant des vidéos. Comment veux-tu apprendre à poser une perfusion en restant devant un écran ? » 

Lorsque les cours en présentiel ont repris, Camille a dû recommencer à travailler pour payer son loyer et ses factures. 

« J’avais plus de 30 heures de cours par semaine et 15 heures de job étudiant. Les horaires n’étaient pas du tout aménagés, ce qui m’a obligée à rater certains cours pour aller travailler. C’était un dilemme constant : soit je payais mon loyer, soit je suivais mes cours. Malgré l’aide de mes amis et leurs notes, ce n’était pas suffisant pour réussir. » 

La fatigue et le stress  

Camille vivait dans un rythme effréné, sans réel temps de pause : “Mes journées s’enchaînaient : cours la journée, job le soir ou le week-end, et révisions tard dans la nuit. Petit à petit, la fatigue est devenue mon quotidien. Je dormais mal, j’étais sous pression en permanence. Quand je rentrais du boulot, je n’avais même plus l’énergie d’ouvrir mes cours, mais je n’avais pas le choix. Parfois, mon cerveau était en surcharge totale. Peu importe comment je m’organisais, j’avais l’impression de toujours courir après le temps. »

Entre résilience et sacrifices

Aujourd’hui en master, Camille a trouvé un équilibre plus stable, mais elle garde des séquelles de ces années d’épuisement. Stress, fatigue et sacrifices ont rythmé son parcours, comme celui de nombreux étudiants obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins. « On nous demande de tout gérer, mais à quel prix ?« , conclut-elle, le regard empreint de résilience.