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Les fleurs, un cadeau empoisonné ?

Selon une récente étude de l’« UFC Que Choisir » , beaucoup de bouquets de fleurs analysés en laboratoire contiennent des résidus de pesticides interdits en Europe. Une réalité que beaucoup de consommateurs et fleuristes ignorent. Daphné, une jeune fleuriste engagée contre l’usage massif de pesticides, milite pour une floriculture plus responsable. 

Depuis l’ouverture de sa boutique, « Versus Fleurs », rue Haute à Bruxelles, Daphné se distingue par son engagement envers des pratiques florales respectueuses de l’environnement. Fleuriste depuis 2016, suite à une reconversion professionnelle et une formation à l’école des Fleuristes de Paris. Elle a réussi à combiner son amour pour les fleurs et son combat pour l’environnement. Daphné est fondatrice de sa boutique de fleurs, ce lieu lumineux et spacieux propose une variété de jolies fleurs. Dès l’arrivée dans sa boutique, on y ressent une atmosphère calme et paisible. « Le contact avec la nature, les personnes, et la possibilité de travailler les fleurs comme une œuvre d’art, c’est ce qui me plaît », raconte-t-elle. Chaque saison offre une palette infinie de possibilités, une toile vierge que la nature lui offre pour créer. Petite, Daphné passait des heures dans la nature à contempler les fleurs, fascinée par la diversité des couleurs et des parfums. C’était pour elle, depuis petite, une évidence de devenir fleuriste. 

Daphné, fleuriste depuis 2016, suite à une reconversion professionnelle et une formation à l’école des Fleuristes de Paris. Elle a réussi à combiner son amour pour les fleurs et son combat pour l’environnement.
Lalie Raes

Des fleurs, du local et du durable 

Elle se démarque par sa volonté de collaborer exclusivement avec des producteurs locaux, principalement durant la belle saison, quand les fleurs belges atteignent le sommet de leur beauté. Daphné travaille notamment avec des petits producteurs belges qui font partie du mouvement Slow Flower Belgium. Hors saison, elle se dirige vers des fleurs écologiques européennes, toujours dans une perspective de durabilité. « Je reste  vigilante tout au long de l’année, même si cela restreint les variétés en hiver », dit-elle, mettant l’accent sur l’importance d’observer et de respecter les cycles naturels des plantes.

Un marché empoisonné 

La pollution du marché des fleurs est une préoccupation majeure pour Daphné, qui trouve scandaleux qu’on importe des fleurs contenant des pesticides interdits en Belgique. Elle critique la transparence qui entoure l’origine des fleurs. « À la différence des produits alimentaires, aucune loi n’impose une transparence totale dans le domaine des fleurs » souligne-t-elle, cette absence de clarté représente une véritable menace, non seulement pour l’environnement, mais également pour la santé des consommateurs et des professionnels du secteur. Daphné met en lumière le manque de mesures pour préserver la santé des consommateurs et de l’environnement.

Pour elle, être fleuriste ne se limite pas qu’à une passion artistique, cela représente surtout une prise de conscience. Avant l’ouverture de sa boutique, elle n’était pas consciente des dangers liés aux pesticides. « Aucun fleuriste n’est informé de cela, on ne nous apprend pas ça lors de la formation », explique-t-elle. Elle évoque ses premières expériences dans ce métier, quand elle et ses collègues ont été confrontés à des réactions cutanées violentes dues aux substances chimiques présentes dans certaines fleurs. Hélas, les dangers ne s’arrêtent pas là. Daphné alerte les conséquences plus subtiles de ces produits, qui pénètrent le corps par la peau et les voies respiratoires. « C’est extrêmement dangereux, et les répercussions sur le long terme peuvent être graves. »

Moins de déchets, plus de beauté 

Daphné opte pour un modèle économique circulaire en faisant sécher certaines fleurs. Elle propose des bouquets à base de fleurs de saison et privilégie les producteurs locaux. « L’objectif est de limiter les déchets et de donner une nouvelle vie aux fleurs séchées, qui sont vraiment très belles », précise-t-elle. 

Elle rêve d’un avenir où la vente de fleurs propres serait la norme. « J’espère qu’un jour, vendre des fleurs saines ne sera plus un choix, mais simplement la règle », confie-t-elle avec espoir. Sa boutique, loin d’être un simple commerce, est un lieu où elle défend une cause qui lui est chère : la santé des fleuristes et la préservation de l’environnement. Un combat qu’elle mène au quotidien avec conviction et passion.

Les mauvaises fleurs fanent la santé

Daphné confie qu’un ancien fleuriste et ami à elle est décédé d’un cancer des poumons à 34 ans. Bien que cela soit difficile à prouver, ses proches et elle pensent que son décès est lié à une importante exposition aux produits chimiques dans les fleurs.