Bruno Derbaix, l’homme qui sauvera l’Ecole ?
Autrefois éducateur, aujourd’hui il jongle entre différentes casquettes, différents publics en passant du primaire aux professeurs universitaires, de Bruxelles, à la Wallonie, jusqu’au Luxembourg. Bruno Derbaix pense une école plus juste et fonctionnelle grâce à « l’école citoyenne ».
L’école c’est beaucoup de choses à la fois, les premières amitiés, les amourettes, les récréations, professeurs, les parents, les devoirs et j’en passe. Tout cela offre de bons et mauvais souvenirs. Ce qui est certain c’est qu’il y a une quantité de choses à gérer et que cela peut vite être négligé par manque de temps, de moyens ou d’outils.

Image par Nisrine Bouaich ©
À la sortie de l’Université, Bruno Derbaix a eu une carrière de chercheur. L’ULB lui propose un poste au sein du GRAP, travaillant sur l’action publique. Spécialisé dans les politiques culturelles à Bruxelles, il découvre un monde stimulant mais il a du mal à s’investir. « J’apprenais beaucoup, mais je ne donnais pas énormément », reconnaît-il aujourd’hui. Lorsque son contrat s’arrête, il traverse un moment de doute en se demandant que faire de sa vie.
Transition entre deux univers
Entre 2001 et 2005, après les attentats du 11 septembre, le climat social se tend et les stéréotypes envahissent le débat public. Bruno, lui, s’intéresse au monde oriental et des liens entre science, médecine et religion et lit ces éléments avec une lecture philosophique. Vite, il décide de quitter le monde de la recherche en allant sur le terrain.
Il se retrouve professeur à Schaerbeek. Officiellement, il y enseigne la religion catholique. Officieusement, il invente un cours inédit : le dialogue inter convictionnel entre islam, judaïsme, christianisme, laïcité et spiritualités diverses. Il découvre que les jeunes ont un besoin immense de parler de leurs blessures identitaires et de construire des choses dont ils peuvent être fiers.
Ecole citoyenne
L’école doit être plus qu’un lieu d’enseignement. Elle doit devenir un espace de participation, où chaque élève peut s’exprimer et se sentir reconnu. Avec le corps professoral, Bruno découvre « le projet d’école démocratique » qui deviendra « l’école citoyenne ».
Bruno en vient à une question centrale : pourquoi multiplier les projets spécifiques pour chaque problème de société — racisme, islamophobie, antisémitisme, crises sanitaires ou décrochage scolaire ? Pour lui, une réponse peut résoudre ces enjeux : la participation. L’école citoyenne joue alors le rôle de « colonne vertébrale », reliant ces luttes et donnant aux jeunes les moyens d’agir. Car la participation ne se résume pas qu’au vote : elle signifie d’apprendre à dialoguer, à coopérer et à chercher des solutions communes. Et l’école doit être l’espace où ces compétences se construisent.
Mais le souvenir de certains élèves reste douloureux. Malgré les débats, certains se radicalisent. Parmi eux, Najim Laachraoui, artificier des attentats de Bruxelles et Paris. Pour Bruno, ce constat est un choc, mais aussi une confirmation : si les blessures identitaires sont profondes, la participation peut en atténuer les effets. « Dire : de quoi avons-nous besoin, comment agir ensemble ? » s’avère plus efficace que des années de débats.
Aujourd’hui, Bruno Derbaix poursuit ce combat. Dans une société en crise de confiance envers ses institutions, l’« école citoyenne » apparaît ainsi comme une réponse possible : un espace où la reconnaissance identitaire se conjugue avec l’action collective.
« L’école doit devenir un espace de participation, où chaque élève peut s’exprimer et se sentir reconnu. »
Bruno derbaix
