Masculinité : entre héritage et liberté personnelle
Grandissant dans un milieu progressiste, Eliott a déconstruit l’image classique de la masculinité. Aujourd’hui, il ne se définit plus par des normes imposées, mais par une identité personnelle, loin des pressions sociales.
Pour Eliott, la masculinité est avant tout une construction sociale. Façonnée par les normes culturelles et les attentes sociales.
« Je ne pense pas pouvoir vraiment décrire ma masculinité. Je la vois plus comme un ensemble de représentations que la société attribue aux hommes. La force, le leadership, la protection,… »
Enfant, ses modèles masculins étaient principalement des super héros ou James Bond. Celui-ci étant une des figures d’une virilité classique. Pourtant, il ne se souvient pas un moment précis ou sa vision de la masculinité aurait basculé. Son rapport au genre s’est construit en filigrane, influencé par son environnement familial progressiste et ses études. « J’ai grandit entouré de femmes, ma mère et mes sœurs. Ça m’a permit de m’éloigner des modèles traditionnels. En psychologie, j’ai aussi appris à voir les limites des concepts. Tout ça m’a permis de me forger une identité moins dépendantes de ces normes. »

© Ambre Houioux
Si l’adolescence a marqué une période de questionnement, c’est surtout dû au besoin d’appartenance. « A cet âge, on veut s’affirmer, se sentir a sa place. Et comme on est souvent en proie aux insécurités, on peut être plus tenter d’adopter une masculinité stéréotypée. Généralement, celle d’un homme fort, qui ne doute pas. » Il observe aussi que les changements biologiques qui accompagnent la puberté joue un rôle : « Ils poussent à vouloir correspondre aux standard de la masculinité, même inconsciemment. »
Aujourd’hui, Eliott ne se préoccupe plus de ce qui est masculin ou non. « J’essaie juste d’être moi-même. Je ne réfléchis pas en termes de genre dans mes choix ou dans mon comportement. Certaines influences sont ancrées, notamment à travers les médias. Ils véhiculent des images précises de ce qui est perçu masculin. La mode, les parfums, les publicités. »
Pour Eliott, ce processus de déconstruction n’a pas été instantané. C’est petit à petit qu’il comprend que cette masculinité qu’on lui ancrer dans la tête n’est pas une identité personnelle mais une performance sociale. « On vit dans la peur d’être jugé, moqué et exclu. Quand tu refuses d’être vulnérable, tu finis souvent par mépriser ceux qui le sont, » explique Eliott.
« Le vrai danger c’est de croire qu’il n’y a qu’une seule façon d’être un homme. »
Ce détachement des stéréotypes masculins se reflète dans son rapport aux émotions. « Je ne m’oppose pas aux émotions. Celles-ci font partie de l’expérience humaine. Néanmoins, la vision de la masculinité « classique » appuie sur la vision des émotions comme un poid néfaste. Alors que celles-ci contribuent à la réflexion et l’intelligence. » Les modèles de masculinités peuvent être souvent figés dans des archétypes : l’homme dominant, viril et « protecteur ». « Je pense que c’est important de déconstruire ce qu’on nous a appris. Laisser de la place aux modèles plus inclusifs et plus divers. Au final, le vrai danger c’est de croire qu’il n’y a qu’une façon d’être un homme, » explique Eliott. «Il y a des modèles qui ne sont pas que ceux de la force et de l’autorité. On nous cache trop de choses sur la richesse des émotions dans notre éducation. »
Sur l’évolution du concept de la masculinité, il perçoit moins une transformation qu’un effacement progressif des rôles de genre. « Les discours tentent d’effacer et de minimiser leur importance dans l’identité des individus plutôt que de les redéfinir. Pourquoi ne pas directement changer les valeurs intrinsèques qui y sont liées ? »
Pour Eliott, le véritable changement réside dans un dépassement des rôles de genre, où les valeurs profondes comptent plus que les étiquettes.