Quels sont les freins à la création d’un abri de nuit à Mouscron ?

La ville de Mouscron projette la création d’un nouvel abri de jour et de nuit pour les sans-abri, mais se heurte à de nombreux obstacles. Mouscron connaît une forte précarité, accentuée par sa densité de population et sa situation transfrontalière. Avec plus de 60 000 habitants en 2025 sur un territoire restreint, la ville affiche un revenu moyen par habitant inférieur à la moyenne régionale. À Mouscron, la question de l’hébergement d’urgence reste un sujet tendu. Malgré les besoins urgents, la création d’un abri de nuit se heurte à plusieurs contraintes. Entre enjeux financiers, contraintes administratives et réticences locales, ce projet peine à voir le jour.

La situation des sans-abris à Mouscron, est une réalité préoccupante, explique Anne-Sophie Rogghe, échevine des Affaires sociales. L’idée d’un abri de nuit s’inscrit dans cette volonté de fournir un toit rapidement aux personnes en grande précarité.

« Nous avons conscience des besoins. Chaque année, nous sommes confrontés à des situations d’urgence qui nécessitent une prise en charge rapide »

Anne-Sophie Rogghe

Cependant, si le constat est largement partagé, la concrétisation du projet s’avère complexe. Actuellement, l’accueil des sans-abris repose principalement sur des solutions temporaires, comme l’hébergement ou la prise en charge par des associations. « Un abri de nuit structuré permettrait d’offrir un cadre plus stable et sécurisé », souligne l’échevine. La commune de Mouscron soutient financièrement ce projet. 

En effet, contrairement à d’autres communes où les abris sont gérés par des ASBL, Mouscron prend en charge directement son abri de nuit et de jour. Cette obligation pour les villes de plus de 50 000 habitants a été longtemps repoussée, par crainte de l’« appel d’air ». Aujourd’hui, la commune dépend des subsides du Relais Social Urbain de Tournai et lutte pour financer ces structures détaille Anne-Sophie Rogghe. Au-delà des questions budgétaires, les démarches administratives constituent un autre obstacle. La mise en conformité avec des normes précises imposent un cadre strict. « Les critères des subsides sont communiqués tardivement, retardant l’engagement du personnel et l’utilisation des fonds. En fin d’année, l’enveloppe n’est généralement pas entièrement dépensée, obligeant parfois à restituer l’argent. Un problème d’organisation administrative et politique. », indique Anne-Sophie Rogghe. 

Enfin, le projet doit également composer avec des réticences au sein de la population. L’installation d’un abri de nuit suscite parfois des craintes, notamment en matière de sécurité. « Il y a encore beaucoup de préjugés sur la question de l’hébergement d’urgence », observe l’avocate. Certains riverains redoutent une augmentation de la délinquance ou une dévalorisation de leur quartier ainsi que de leur bien ou même leur clientèle. « Il est essentiel de mener un travail de sensibilisation pour expliquer que ces structures ne créent pas d’insécurité, mais qu’elles permettent justement de l’encadrer ainsi que de trouver un compromis pour tous », insiste Anne-Sophie Rogghe

Un combat de longue haleine

Malgré ces nombreux freins, la Ville de Mouscron ne baisse pas les bras. Des discussions sont en cours pour identifier des solutions viables. « La solution temporaire, c’est justement ce vieil immeuble rue de Tourcoing, mais qui est complètement inadapté, vétuste et qui sera prochainement démoli.», affirme l’échevine. La mise en place d’un abri de nuit reste une priorité pour les services sociaux de la commune. « C’est un projet nécessaire, humainement et socialement. Nous devons continuer à œuvrer pour sa réalisation », conclut Anne-Sophie Rogghe. Reste à savoir quand et comment les obstacles pourront être levés pour que cette initiative devienne une réalité tangible.