Le gouvernement belge avec un budget à droite ?
Le 9 juin 2025, la population se rendait aux urnes afin de voter. Pres de sept mois après, le formateur conclut enfin à un accord. La Belgique a son nouveau gouvernement avec à sa tête Bart de Wever (N-VA). Longtemps craint pour ses positions nationalistes et indépendantistes, ce dernier est désormais appelé à gouverner toute la Belgique. Pourtant, dans son programme, c’est l’économie du pays qui est centrale. Qu’est-ce qui explique cette priorité ? Marc de Schoutheete, ambassadeur honoraire, nous donne un avis éclairé et nourri par son expérience.
Nous avons un nouveau gouvernement depuis peu. Comment la Belgique se positionne-t-elle selon vous face aux grandes orientations prises ailleurs dans le monde, aux États-Unis par exemple ?
C’est difficile de répondre globalement. Mais le premier ministre s’est déclaré atlantiste. Il estime, à mon avis, que la Belgique doit se trouver avec les États-Unis. (la France par exemple n’a pas toujours bien compris les USA) La Belgique se déclare atlantiste, mais ça nécessite de nuancer évidemment. Quand on prend par exemple l’affaire de la Palestine. Trump souhaite déloger les Palestiniens, prendre la bande de Gaza et la donner à Israël. La Belgique ne va pas applaudir ça, on est plutôt hésitants et critique face à Trump. Pareil pour l’Ukraine. Si Trump veut mettre fin à la guerre en demandant à l’Ukraine de céder des territoires, cela nous pose question. Les États-Unis, oui ! C’est quand même le pays dans le monde avec lequel on a beaucoup d’affinités, avec lequel on partage fondamentalement des valeurs démocratiques. On partage les mêmes valeurs, ce qui n’est pas le cas pour la Chine par exemple.

Est-ce que l’Union Européenne et l’OTAN influencent le gouvernement belge ?
C’est difficile de dire non. La Belgique fait partie de l’Union Européenne, cette alliance influence le gouvernement indéniablement. Pour l’Union Européenne, elle reste plutôt au centre droit. L’OTAN en revanche, ça n’a rien à avoir, c’est une question uniquement de défense.
Peut-on dire que la Belgique suit une tendance générale d’augmentation des dépenses publiques, comme en France, ou cherche-t-elle à réduire la dette comme en Allemagne ?
Tout à fait, la Belgique était le dernier de la classe. Et maintenant, elle se dit qu’elle est un peu, passez-moi l’expression, crétin d’avoir tant dépensé. Elle a moins fait rentrer dans les caisses. Désormais, De Wever dit « non », il faut rééquilibrer ça. C’est une tendance générale. On s’est fait siffler et la commission nous a menacé de prendre le pouvoir. La Belgique doit réduire la dette. Mais de toute manière, la Belgique est un pays de compromis. Je dirais que, les Belges aiment bien être auto-critiques. Mais dans le fond, mis à part cette question de budget, l’économie tourne pas mal. Il y a beaucoup de start-up, il y a pas mal de petits fonds d’investissement.
Comment le gouvernement belge gère-t-il la question de l’inflation et du pouvoir d’achat par rapport aux autres pays européens ?
On a un système génial, mais qui nous coute très cher, qui est l’indexation des salaires. Cela veut dire que votre salaire augmente avec le cout de la vie. Ça permit à la Belgique de mieux s’en tirer avec le Covid. La Belgique a beaucoup aidé la population quand le covid déconstruisait toute l’économie. Des parts entières de l’économie s’effondraient, on n’allait plus au restaurant, on n’allait plus travailler en présentiel. Je pense que personne en Belgique ne voudrait supprimer l’indexation. C’est la garantie de la paix sociale. La Belgique a toujours aussi misé sur l’international. Il faut bien mettre ça en tête, la Belgique est un pays qui se croit petit, qui n’est pas si petit que ça. Elle sait que sa prospérité dépend du commerce et du commerce international en particulier. Un exemple concret, ce sont les entreprises belges établies à l’étranger. La dernière chose que voudrait la Belgique pour ces entreprises, c’est de leur dire de revenir.
Finalement, peut-on dire que la Belgique reste un pays singulier même si elle emboite le pas d’autres états ?
Oui, la Belgique reste un pays singulier. Elle travaille avec d’autres pays et organisations poussant notre pays à un peu s’adapter. On voit ça dans le fait que Bart de Wever veuille combler notre déficit budgétaire. Le premier ministre veut aussi arriver aux 2% que doit payer la Belgique dans l’OTAN. C’est une question d’équilibre.
Mais dans le fond, mis à part cette question de budget, l’économie tourne pas mal.
Marc de schoutheete