L’éolien terrestre en Belgique : un vent de retard ?
L’éolien terrestre peine à décoller en Belgique, freiné par des infrastructures inadaptées, des contraintes administratives et une rentabilité inférieure à l’offshore. Ce retard alimente le débat sur l’avenir des énergies renouvelables dans le pays.
L’ensemble de la Belgique a les yeux rivés sur l’avenir des énergies renouvelables, un sujet d’intérêt public. Au cœur de cette question, les parcs éoliens terrestres peinent à se développer pour diverses raisons. Pour y répondre, Jurgen Duckert, expert et consultant en énergies renouvelables, partage son avis sur le sujet.

Parc éolien terrestre
Pourquoi l’éolien terrestre progresse-t-il aussi peu en Belgique ?
Le principal frein est technique. Les éoliennes modernes peuvent produire jusqu’à 500 kW, mais il faut des infrastructures capables d’absorber ces flux massifs. En Belgique, le réseau électrique n’est pas encore adapté, ce qui ralentit l’installation de nouvelles éoliennes. De plus, la rentabilité de l’éolien offshore est plus élevée, car les vents y sont beaucoup plus forts. Il est donc logique que la Belgique compte proportionnellement moins d’éoliennes que ses voisins européens, comme l’Allemagne, qui dispose d’un réseau de distribution très développé.
Les autorisations administratives sont également au centre des critiques. Sont-elles justifiées ?
« Ces lourdes réglementations peuvent dissuader les investisseurs. »
Oui, tout à fait. Les concertations publiques, les études d’impact environnemental et les autres démarches administratives durent souvent entre 18 mois et 2 ans avant même le début d’un projet éolien. Ces lourdes réglementations peuvent dissuader les investisseurs.
Pourquoi la Belgique a-t-elle réussi en matière d’offshore et non sur terre ?
L’avantage de l’offshore est l’absence d’habitations à proximité, ce qui évite les nuisances sonores et visuelles importantes. De plus, les parcs éoliens offshore sont directement reliés au réseau électrique, lui-même connecté aux postes électriques côtiers. La Belgique bénéficie de sa façade maritime, un atout considérable. Sans cela, nous serions très loin derrière les autres pays européens en matière d’énergies renouvelables, et pas seulement pour l’éolien. Ce contraste explique pourquoi la Belgique possède de nombreux parcs offshores et très peu de parcs terrestres, formant ainsi une sorte d’équilibre entre les deux.
Au-delà de l’éolien, quels sont les principaux freins aux énergies renouvelables en Belgique ?
Les éoliennes ne tournent pas en permanence, et un panneau solaire ne produit de l’énergie que 14 % du temps sur une année. Nous ne disposons malheureusement pas de capacités de stockage efficaces, ce qui nous rend encore très dépendants des énergies fossiles. L’avenir des énergies renouvelables passera par l’hydrogène et les batteries de grande capacité, mais pour l’instant, en Belgique, il n’est ni rentable financièrement ni administrativement d’investir massivement dans l’éolien terrestre, compte tenu de la rentabilité supérieure de l’éolien offshore et du manque d’infrastructures adaptées sur terre.