Le doublon coûte à l’État 10 000 euros par élève chaque année !
Des enseignants francophones du secondaire évoquent l’impact de la réforme du Pacte d’excellence sur les élèves qui réussissent avec des lacunes.

Reportage
Quel est l’avenir de l’enseignement secondaire ? La réforme du Pacte d’Excellence ne vise pas à améliorer la qualité de l’apprentissage ni à réduire les inégalités. Il n’y a plus d’égalité ! Les élèves progressent avec des lacunes et avec le tronc commun veulent que les élèves ne doublent pas, car doubler coûte cher à l’État. Une enseignante a dû se rebeller pour empêcher un élève avec des lacunes de passer, en précisant à son directeur « s’il passe, je ne reste pas à l’école, moi ou lui. »
Un étudiant coûte cher à l’État
Comme le souligne l’enseignante Sanna, « Il n’y a pas de suivi pour réduire le nombre de doublons, car il y a une pénurie d’enseignants et les élèves manquent de motivation pour apprendre, même pour les tests et les interrogations, ils ne font pas d’effort » et « selon les directives de ma direction, ils souhaitent maintenir les examens jusqu’au mois de juin, ce qui sera catastrophique ! »
L’enseignant Jean-Luc1 a dit : « Si j’avais le ministre devant moi, je le dis il faut réduire le nombre d’élèves par classe pour assurer la qualité de l’enseignement. » Il poursuit en ces termes : « Un étudiant qui échoue coûte beaucoup d’argent à l’État par rapport à un jeune au niveau supérieur qui devient non finançable, et dans le secondaire, il y a une obligation de le garder, ce qui signifie qu’il doit passer. »
« Le déclin de l’éducation dans nos sociétés, c’est que l’enfant est formé sans être instruit et il le fait pour consommer, pas pour réfléchir et critiquer ». « Et lorsque l’apprentissage par cœur devient la règle, nous produisons des espaces spectateurs qui permettent une ombre d’évolution ».

©Pexels un élève qui réussit tout en ayant des lacunes
Sabriya, qui enseigne depuis 5 ans, affirme : « En ce qui concerne le plan de pilotage, chaque groupe d’enseignants a mis en place des mesures pour éviter les redoublements, telles que la remédiation, l’aide à l’organisation et la préparation à l’évaluation. »
Un sentiment partagé par Jean-Luc : « Le plan de pilotage donne aux écoles la responsabilité de déterminer les sources de leurs objectifs et la charge de les atteindre, ce qui signifie que l’école n’est pas laissée à elle-même, les enseignants et les écoles sont inspectés, » « Par rapport aux objectifs, par exemple : réduire le nombre d’échecs en mathématiques ».
La duplication n’est plus une option
Les élèves abordent l’année suivante avec de nombreuses lacunes dans leurs connaissances, explique Sanna, qui enseigne dans des classes de qualification du secondaire supérieur depuis 9 ans. Elle précise : « Ce que nous constatons sur le terrain, c’est que les élèves sont moins impliqués parce qu’ils savent qu’ils ont déjà passé l’année. » Elle critique ensuite l’absentéisme, qui est en augmentation, car les élèves ne s’inquiètent pas de manquer un cours puisqu’ils passent automatiquement à l’année suivante. Elle rappelle notamment que « selon certaines études, cela coûte environ 10 000 euros par élève chaque année » et que « selon d’autres études, le redoublement n’est pas très efficace. »
Le gouvernement a pris ces mesures pour restreindre le financement.
Les parties politiques changent les versions de leur discours et l’adaptent en concordance avec les intervenants. La réforme consiste à faire de l’économie et à donner une chance égale à tous. Les élèves souffrant d’un retard mental sont inclus parmi les autres élèves et les professeurs ne sont pas préparés à soutenir les jeunes souffrant de troubles mentaux. Dit l’enseignante Sanna
Le déficit des enseignants
Suggéré par l’enseignante Sanna : « Les enseignants fuient la profession parce qu’ils n’ont plus leur mot à dire », déplore-t-elle, et elle reproche aussi qu’avec toutes les réformes, ils ne se sentent pas concernés puisque leur avis n’est pas pris en compte.
Une critique récurrente porte sur la pénurie d’enseignant, qui s’aggrave d’année en année.
Même son de cloche chez Sanna :« Les classes sont trop hétérogènes, et l’enseignant doit faire progresser le programme et remédier aux compétences qui n’ont pas été validées. »
La Fédération Wallonie-Bruxelles propose des solutions telles que le soutien scolaire individualisé et la pédagogie différenciée. L’enseignant Jean-Luc déclare :« La différenciation, c’est faire en fonction des progrès et des lacunes des élèves, càd qu’on ne va pas donner des matières mais des exercices avec des niveaux. Ils individualisent l’enseignement. »
L’enseignante Sanna termine :« Les enseignants sont submergés par tous les réformés et cela les dépasse. Ils subissent trop de contraintes et manquent de réalité concrète. »
En conséquence de ces réformes et changements, l’avenir de l’enseignement secondaire n’est pas encore très clair et les citoyens de demain passent avec des lacunes. Quant au milieu de l’éducation traverse une période de grande incertitude.
- Prénom emprunté ↩︎