Recyparcs, une nouvelle réforme qui fait débat

À Chaumont-Gistoux, le recyparc est en pleine transformation. Depuis plusieurs semaines, un nouveau règlement impose des consignes plus strictes aux usagers, avec un objectif clair : réduire les déchets mal triés et améliorer le recyclage. Ces nouvelles règles, sont-elles de trop grosses contraintes pour les habitants ?
Depuis le 1e janvier 2025, de nouvelles règles sont entrées en vigueur dans les recyparcs gérés par l’INBW dans le Brabant Wallon. Ces règles sont apparues afin de gérer les abus constatés, mais elles soulèvent déjà beaucoup de questionnement et plainte.
De nouvelles règles
A présent, chaque usager doit scanner sa carte d’identité et indiqué le genre de véhicules qu’ils possèdent. Chaque passage vaut un nombre de points spécifiques en fonction du véhicule. Chaque ménage dispose d’un quota de 12 points par an. Après le douzième point perdu, l’accès devient payant, au prix de 15€ le point.
Le barème est le suivant :
- 0 point : dépôt de déchets verts uniquement (2 m³ maximum par passage)
- 0,5 point : Entrée à pied ou avec un engin à deux roues
- 1 point : Voiture sans remorque (véhicules non utilitaires), quad avec ou sans remorque
- 2 points : Voiture avec une remorque de moins de 3,10 mètres, fourgonnette sans remorque, véhicule utilitaire léger sans remorque, pick-up de moins de 6 m³ sans remorque
- 3 points : Fourgon grand volume et camionnette sans remorque, fourgonnette avec remorque, pick-up de moins de 6 m³ avec remorque.
L’impact sur les citoyens
Cette nouvelle réforme ne passe pas auprès des habitants de la commune de Chaumont-Gistoux. Les habitants ont peur de voir leurs libertés s’envoler. C’est le cas pour Paul un habitant du quartier qui a l’habitude de venir au recyparc assez fréquemment il nous raconte « Je viens quand même assez souvent avec ma voiture et ma remorque, car j’adore faire du bricolage et maintenant ça va me couter 2 points à chaque passage, je ne pourrais donc venir que 6 fois par an. Ce n’est pas pratique, je vais devoir entasser chez moi jusqu’au moment où j’aurais assez pour économiser des points » sa femme rajoute « En plus il y a déjà beaucoup de gens qui déposent leurs déchets dans les champs, n’importe où ça va être pire maintenant. »
Cette réforme ne fait donc pas l’unanimité auprès des citoyens, c’est l’ambiance qu’on ressent aux abords de cette décharge.
Nicolas un habitant vient nous aborder en expliquant « Je comprends que de nouvelles mesures soient mises en place, mais ça n’a pas été assez bien expliqué. »
Pourquoi cette nouvelle réforme ?
Dans le passé, nos déchets étaient envoyés en Suède, Hollande et Afrique, mais ces pays ne les acceptent plus. Ils doivent donc être brulés en interne. Nous n’avons plus les infrastructures suffisantes, plus le personnel. Nous sommes donc plus sur une décision économique qu’écologique.
Les écologistes en général sont pour le système du pollueur-payeur, plus tu as de déchets, plus tu payes
Christine dotremont
Christine Dotremont, deuxième échevine de Chaumont-gistoux et membre du parti écolo nous explique « De base le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Et en sachant que l’emballage en général représente+/- 10% du prix un produit, qu’il est constitué principalement de pétrole (plastique) et de plein de saloperies (perturbateurs endocriniens qui bousillent notre système hormonal) avérées nocives pour la santé (exemple des phtalates, constituant des plastiques souples, un des principaux facteurs de l’infertilité croissante) et qu’enfin personne adore sortir ses poubelles et encore moins payer pour, moins il y aurait de déchets, plus on serait heureux. »
La commune de Chaumont-Gistoux applique la règle du coût vérité c’est à dire qu’elle fait payer aux citoyens ce que l’inbw lui facture « Les écologistes en général sont pour le système du pollueur-payeur, plus tu as de déchets, plus tu payes. Sauf qu’en vérité, ça ne marche pas comme ça, car un gros morceau du prix de la gestion des déchets, c’est le transport. »
En tant que résidente de Chaumont-Gistoux, Christine nous raconte que le consommateur au final, il achète ce qu’on lui propose en magasin. Et qu’il n’a pas toujours le choix d’avoir un emballage ou pas. Donc que c’est au niveau du producteur qu’il faut mettre la pression, car ce sont eux qui décident de comment ils emballent. Et que le consommateur ici est plus une victime.
Est-ce que cette réforme va avoir un impact positif sur la gestion des déchets ?
Dans les recyparcs du brabant-wallon l’accès n’était pas vérifié et tout le monde pouvait mettre ses déchets dans n’importe quel recyparc. Ce qui pose un énorme problème, car on se retrouve avec des entreprises qui déposent leurs déchets alors qu’ils ne viennent pas de là. Il fallait donc prendre des actions.
Mais comme les habitants de la commune le disent eux même, c’est la porte ouverte aux déchets sauvage et un travail supplémentaire pour les éboueurs.
Christine nous explique « ça va coûter de plus en plus cher, les gens vont plus pouvoir payer, qu’on va voir des sacs poubelles dans la nature, que les autorités vont mettre des caméras et amendes, faire encore plus payer les gens, et que c’est une chaîne sans fin si on n’agit pas à la base, chez les industriels qui nous vendent nos produits. »
Si les nouvelles règles des recyparcs ne font pas l’unanimité, cela reste une avancée écologique pour certains, mais une restriction de liberté pour d’autres. Ce qui est, sûr c’est que la gestion des déchets est un grand défi qui ne fait que commencer.