Société

Anderlecht sous tension : Estelle, une habitante voit son quotidien bouleversé 

Aujourd’hui, à Anderlecht, l’atmosphère est lourde. Les récentes fusillades à Saint-Guidon ont chamboulé les habitants, modifiant leurs habitudes. Estelle Van den Broeck, 24 ans, ergothérapeute et anderlechtoise depuis toujours, doit s’adapter dans ce nouvel environnement. Peur, tactiques d’évitements, stress permanent : comment ces événements affectent-ils sa vie et ses habitudes ? 

© Estelle Van den Broeck, habitante de Saint-Guidon. Image d’Estelle Van den Broeck.

Avant, Estelle se déplaçait sans y penser, profitant de l’animation de son quartier. Aujourd’hui, depuis les fusillades, l’angoisse fait partie de son quotidien. Elle habite à deux pas de Saint-Guidon et, pour la première fois, elle ne se sent plus en sécurité dans son propre quartier. « Quand je promène mon chien, je ne prends plus mon chemin habituel, je préfère éviter certaines rues. » 

La journée, elle n’a pas le choix : travaillant dans plusieurs écoles à Bruxelles et n’ayant pas de véhicule, elle doit emprunter les transports en commun. Mais certains coins lui font peur. « J’évite de prendre mon métro à certains endroits, comme à Saint-Guidon et d’autres où j’évite de m’y arrêter. Je sais que je suis parano, je fais attention à tout autour de moi mais je préfère rester vigilante. »  

« Quitte à allonger mon trajet, je préfère éviter certains endroits. »

Et le soir, elle ne prend plus de risques. Lorsqu’elle termine tard, son compagnon vient la chercher en voiture. « Je ne veux plus prendre le métro seule quand il commence à faire noir. Mon copain est d’accord avec moi, on trouve que c’est trop dangereux. » Ses parents, eux aussi, s’inquiètent. « Quand la nuit tombe, ils stressent que je rentre seule.» 

Une tension palpable dans les rues  

Si la police est plus présente depuis les événements, Estelle n’est pas rassurée pour autant. « Voir des policiers à chaque coin de rue me rappelle plutôt que la situation est grave. Il y a une mauvaise tension dans l’air. »  

Les commerces, eux aussi, semblent affectés. Certains ferment plus tôt, d’autres voient leur clientèle changer. « Avant, je traînais parfois après le boulot pour boire un verre. Maintenant, je rentre directement chez moi. Moins je traîne dehors, c’est. » 

Estelle échange parfois avec d’autres habitants sur le sujet « On sent que tout le monde vit mal ce changement et que les rares regards échangés des uns et des autres sont remplis de méfiance, comme si tout le monde suspectait son prochain. » 

Un avenir peu optimiste  

Estelle ne voit pas comment la situation pourrait s’améliorer ou revenir à la normale dans un avenir proche. « Je n’ai plus confiance ici, à Saint-Guidon. Je suis assez pessimiste pour la suite, je ne pense pas que tout va s’arranger d’un coup de baguette magique. » Depuis, elle cache dans son sac une bombe lacrymogène. « Je sais que ça ne va pas me sauver si quelque chose arrive, mais au moins, j’ai l’impression de ne pas être totalement démunie. Ça me rassure. » 

Anderlecht, son quartier d’enfance, est devenu un lieu où elle doit calculer ses moindres déplacements. Les fusillades ont laissé des traces invisibles, mais profondes, sur le quotidien des habitants. Comme Estelle, beaucoup ont dû adapter leur mode de vie à la peur. 

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