Dans le monde de l’Esport : « Être une femme, c’est pas évident »
Jeux de tir, de course, d’action et bien d’autres, l’Esport a pris une ampleur conséquente au cours des dernières années. Avec l’arrivée de la finale du tournois féminin « Radiance » qui prend place sur Valorant, un jeu de Riot Games, la question des inégalités entre joueurs et joueuses prend de l’ampleur sur les réseaux francophones. Loupiote, joueuse professionnelle pour l’équipe Zerance et pour la branche féminine finaliste participante Zerance Holy Mint, affirme que les femmes mènent un combat plus important pour être reconnue dans ce milieu.

Quels sont les problèmes majeurs auxquels les femmes sont confrontées ?
La manque de représentation, le sexisme, les stéréotypes de genre aussi et, surtout, le fait que les joueuses ne soient pas souvent le public visé par les compagnies de jeux vidéo qui ont une scène Esport. Je ne pense pas qu’ils soient nécessairement causés par des personnes ou groupes en particulier, c’est plutôt une situation qui s’est établie au fur et à mesure du temps.
Il suffit de voir comment une femme qui joue aux jeux vidéo était perçue, il y a 10 ans. C’est un monde en constante évolution et changer les perceptions prend du temps ; comme je le dis souvent « c’est un marathon, pas un sprint ».
Comment lutter contre ces problèmes et rendre le milieu de l’Esport plus inclusif ?
Le milieu professionnel n’est pas nécessairement fermé aux joueuses à proprement dit. Ce qu’il y a, c’est surtout un manque de femmes dans l’ensemble du système. On parle de joueuses mais pas seulement, il y a aussi les coachs, les fonctions de gestion d’équipe, l’organisation… Ces rôles, aussi, sont occupés par des hommes en grande partie. Dans un sens, si on voyait des femmes dans tous les secteurs de l’Esport, beaucoup plus essayeraient d’en faire carrière.
Il y a aussi le sexisme, même encore à ce jour, il n’est pas rare pour des joueuses de devoir lutter contre cette fermeture d’esprit que ce soit venant des fans ou des autres joueurs.
« Il n’y a rien qui justifie qu’une femme ne puisse pas occuper la même scène qu’un homme »
Existe-t-il des différences de forces et faiblesses entre les joueurs et les joueuses ?
Non. Il y a eu des études sur le sujet et elles ont prouvé qu’il n’existe pas de différences entre homme et femme quand il s’agit de jeux vidéo. L’avantage l’Esport est que, justement, contrairement aux sports classiques, les différences physiques d’un chacun n’ont pas d’impact sur les performances. Cependant, c’est, malheureusement, un facteur que beaucoup pointent pour forcer un narratif sexiste.
Quelle est votre opinion sur les compétitions auxquelles seules les joueuses peuvent participer ?
Dans l’ensemble, c’est une bonne chose, à condition de ne pas tomber dans un extrême. D’un point de vue positif, c’est une façon de mettre en avant le côté féminin de l’Esport et, aussi, un bon moyen pour d’attirer l’attention sur des joueuses dont le talent n’aurait pas encore eu l’occasion d’être repéré. C’est aussi un moyen pour les joueuses d’être plus à l’aise. Il n’y a pas cette dimension de comparaison entre homme et femme.
Il faut néanmoins faire attention à ne pas tomber dans une situation où une séparation se creuse entre Esport masculin et féminin parce que contrairement aux sports classiques, il n’y a pas de raisons de marquer un écart entre les deux.
Tant que c’est bien géré et mis en place, les répercussions ne peuvent qu’être positives et c’est grâce à ce genre d’impact que l’on créé du changement.
