Culture

GuttiRockstar, une nouvelle étoile montante

De l’ombre à la lumière, le parcours d’un artiste en quête de liberté

Il aurait pu continuer son chemin au sein de son groupe, s’appuyer sur l’énergie du collectif, mais GuttiRockstar a préféré prendre le risque de se lancer seul.  Né en Allemagne de parents congolais, il a grandi entre deux cultures et deux univers musicaux. Aujourd’hui, il façonne un rap à son image, un mélange de sonorités trap et des beats afro percutants. Le 22 février dernier, il franchissait une étape importante en se produisant sur la scène du Botanique. Un moment marquant qui symbolise son passage vers une nouvelle étape.

© Grosjean Fiona dans un studio de musique à Bruxelles

De l’Allemagne à la Belgique, un enfant bercé par deux univers

Dans les rues d‘Anderlecht , où il fait ses premiers pas, la musique était partout. A la maison, les disques vinyles de Werrason et Koffi Olomidé tournent en boucle, tandis qu’à l’extérieur, les mélodies aiguisées telle les migos , chief keef, Snoop dog l’on toujours inspiré. L’énorme fossé musical l’a marqué dès son plus jeune âge. « J’ai toujours eu cette dualité en moi », admet-il. « D’un côté la musique congolaise est rythmée et émotionnelle ; de l’autre la Trap et le rap brut, percutant, il faut imposer son son et sa vision. »

Depuis son enfance, il a toujours été attiré par la musique. Quand certains enfants choisissaient des voitures lui se dirigerait vers des pianos ou d’autres instruments de musique. Au départ, il n’était pas destiné à finir rappeur. Il était promis à un avenir sportif, il avait comme projet de devenir footballeur professionnelle. Mais malheureusement , les ligaments croisés ont du mettre fin à sa carrière. Pendant toute son adolescence, il était en chaise roulante à cause de cette blessure. C’est l’isolement qui la fait se rapprocher de l’univers musicale.

Il débute dans un groupe de rap local nommé CEELOSQUAAD, entouré d’amis partageant la même passion. Bientôt, ils ont attiré l’attention, donnant une série de spectacles dans de petites salles et inscrivant leurs paroles dans des compositions sombres et rythmées. Mais plus le temps passait, plus Gutti ressentait le besoin de s’exprimer autrement afin de prendre le contrôle de son art. »Quand on est en groupe, il faut toujours s’adapter aux autres. J’avais besoin d’être seul pour explorer mon propre univers musical. » C’est une profonde remise en question qui l’a amené à prendre la décision difficile de quitter le groupe et de tracer sa propre voie.

https://mosaïque.com/2021/04/23/gutti-aux-portes-du-royaume-belge-2/ : GuttiRockstar, une nouvelle étoile montante

Choix indépendant : avancer vers l’inconnu

C’est déjà il y’a 10 ans qu’il a choisit de faire cavalier seul. Certains y voient un risque inutile, d’autres y voient une nécessité pour vivre pleinement. Gutti n’a pas hésité. »Dans un groupe il faut toujours trouver un équilibre entre les influences et l’égo de chacun, j’avais envie d’essayer d’autres sons, d’amener des mélodies américaines, d’essayer de nouvelles choses, en tant qu’artiste solo je suis complètement libre. »

Mais la liberté a un prix. Commencer sa carrière solo, c’est repartir de zéro : trouver son public, conserver son identité et exister dans une scène déjà bien remplie. Il a sorti des singles, tourné des clips et construit son propre univers musical. Les choses ont commencé à prendre forme et le public a commencé à réagir. Sa musique, fusion de rap français, de rythme inspiré d’Atlanta, qui a fait vibrer les clubs bruxellois. Il exploite les contrastes : dans certaines œuvres introspectives il parle de ses doutes, de son parcours, de sa quête d’identité, et d’autres conçues pour l’ambiance, les fêtes, les nuits d’été.

« Je veux que les gens dansent, mais aussi qu’ils réfléchissent à ma musique, qui pour moi consiste à raconter une histoire, et cette histoire est la mienne. »

La botanique, concrétisation de sa carrière

22 février 2025. Pour de nombreux artistes belges, le Jardin Botanique représente une étape incontournable. Ce soir-là, son nom figurait sur l’affiche. « Il y a de la pression, c’est sûr. Se produire au Botanique, c’est un symbole, une reconnaissance. Quand on est seul sur une scène comme celle-là, il faut prouver qu’on a sa place. » Sur scène, il a tout donné. Chanson après chanson, l’énergie était intense et le public réagissait comme sur des roulettes. C’est un véritable dévouement et une confirmation qu’il est prêt pour la suite. Le concert a également marqué une étape psychologique. Les doutes ont disparu, remplacés par la certitude qu’il pouvait aller plus loin. « La botanique a été la démarche que j’ai franchie. »

Construire l’avenir

Le premier concert n’est qu’une étape. L’ambition est là et les projets sont là. Un nouvel album est en préparation et les perspectives de coopération sont prometteuses. Quel est son objectif ? Développez son audience, dépassez les frontières, imposez son style. Bruxelles à toujours été un haut lieu du rap et GuttiRockstar compte bien s’y implanter sur du long terme. Mais il a vu plus loin. « Je veux montrer qu’on peut repartir de zéro, qu’on peut réussir sans se trahir, et mon histoire est l’histoire de nombreux jeunes ici, avec des rêves et des obstacles, sous différentes influences, et si ma musique peut inspirer les gens, alors j’ai gagné. »

À l’avenir, il souhaiterais signer des talents bruxellois dans son propre label. « Il y a beaucoup de talents ici, mais je veux redonner ce que j’ai appris et créer un espace pour les artistes émergents. » Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais une chose est sûre : GuttiRockstar est là pour rester.

« Si tu as la mentalité bruxelloise tu réussis pas , nul n’est prophète chez soi » Guttirockstar

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *