Politique

La fusion de zones de police, une manière de mieux diffuser ?

Depuis plusieurs semaines, la station de métro Clemenceau est le théâtre de fusillades à répétition. Où est la police et que fait-elle pour éviter ces situations et ainsi garantir la sécurité des riverains ? Dans le programme du gouvernement Arizona, il est question d’une fusion des zones de polices bruxelloises. Serait-ce une vraie solution au problème de l’insécurité, ou est-ce une pure illusion ?

Rendez-vous à la station de métro Clemenceau (Anderlecht), un samedi matin. Peu de monde aux abords de la station, bien gardée. Des dispositifs policiers ornent les rues et des fourgons bloquent des issues. Les passants ne s’attardent pas trop aux alentours de la station, la tension est palpable. Certains riverains ne prennent plus le métro par crainte d’être surpris par une vague de violence. « Oui, moi, je travaille près de la gare du midi. Ça a beau être l’arrêt de métro suivant, je préfère le tram. Il reste en surface et pour l’instant, je m’y sens plus en sécurité que dans le métro », dit Myriam*. Place du Conseil, à quelques mètres de là, remarque semblable : « Cela fait plusieurs mois que je sens des tensions, j’évite de venir dans le coin (Clemenceau, ndlr), surtout quand il fait sombre. »

La police, pourtant présente, semble ne pas l’être assez aux yeux de certains citoyens comme Bernadette*, « Si la police pouvait mettre plus d’effectifs chez nous, peut-être que la situation changerait. » Selon elle, la fusion des zones de police tant discutée serait une source de changement.

Une unique « zone de police », une notion (trop) floue

Force est de constater que la question d’avoir une seule zone de police demeure un vrai point d’interrogation. L’avis de Boris Dilliès (MR), bourgmestre d’Uccle est clair : « Si on me dit que c’est parce qu’il y a six zones de police que des types sortent une kalachnikov à Anderlecht, très bien, je suis d’accord de fusionner, mais il faut qu’on me le prouve. » Cet élu, comme les autres bourgmestres de la région Bruxelles capitale, n’est pas en faveur d’un tel changement. Si certains s’y opposent par principe parce que ça vient des partis flamands, ce n’est pas le cas du bourgmestre d’Uccle. Pour lui, c’est plutôt par attachement au système actuel qu’il juge efficace. «S’il y a bien une chose qui fonctionne bien à Bruxelles, ce sont bien les six zones de police, » dit-il avant de poursuivre en disant : « Si une commune a besoin d’aide à un moment donné en termes de présence policière, les autres zones viennent en renfort. »

©Sébastien de Jamblinne – La station de métro Clémenceau à Anderlecht un samedi matin.

En tout cas, la question divise même les citoyens. « Oui, avoir une seule zone de police permettrait, selon moi, d’être mieux gardé et d’avoir un environnement vraiment mieux sécurisé », dit un premier passant. « Pour moi, ça ne changera rien, la question est liée à la justice et aux narcotrafiquants, pas aux effectifs, regardez, maintenant, c’est sécurisé aux alentours du métro », dit un second. Un avis partagé par Boris Dilliès, qui affirme que ce n’est pas une fusion en tant que telle qui empêchera un individu de sortir une arme et de tirer. Pour lui, la situation actuelle est liée à un narcotrafic toujours en croissance.

Une justice renforcée, solution durable en matière de sécurité

Si la fusion des zones de police fait grand bruit, la réactivation du plan canal en fait significativement moins. Ce plan remis en avant dans le programme du gouvernement servirait à faire de Bruxelles une ville plus sécurisée. Notamment grâce à une meilleure surveillance des personnes radicalisées. Un meilleur contrôle du trafic d’armes est aussi un élément central du projet. C’est une direction à suivre selon Boris Dilliès (MR). « Je suis enchanté de ce gouvernement en matière de justice et de sécurité », dit-il avant de continuer en réaffirmant que le problème lié au monde de la drogue était bien du ressort de la justice. Il faut faire un vrai travail autour de la manière dont est prise la question du trafic de drogue à Bruxelles. Le gouvernement ayant dans l’idée de renforcer la justice, peut-être est-ce une voie vers une ville et un pays plus sûrs. La police jouera son rôle dans la mise en pratique des décisions, mais l’unité des six zones actuelles est clairement une force.

« Si une commune a besoin d’aide à un moment donné en terme de présence policière, les autres zones viennent en renfort. »

Boris Dilliès (MR), Bourgmestre d’Uccle

*: nom d’emprunt

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