La scène musicale belge au bord du gouffre
Les artistes belges rencontrent de plus en plus de difficultés à se faire une place sur les
plateformes de streaming, dominées par des playlists internationales et des algorithmes
favorisant les grands hits mondiaux. Cette situation met en péril leur visibilité et leurs
revenus, rendant leur présence sur le marché musical de plus en plus fragile.

En Belgique, l’impact de cette tendance est alarmant. Depuis que le streaming est pris en
compte dans les classements musicaux, la part des artistes locaux a drastiquement chuté. En
2024, seuls 16 albums belges figurent dans le top 100 en Flandre, un niveau historiquement bas.
Face à ces constats inquiétants, PlayRight, un organisme de droit pour les artiste interprètes et
droit voisins, tire la sonnette d’alarme et appelle les plateformes de streaming à mettre en avant
les artistes locaux, explique le président Christian Martin.
Valérie Dumont, une attachée de presse de This Side up revient sur cette problématique que
rencontre aujourd’hui la scène musicale belge.
Que pensez vous de la situation actuelle de l’industrie musicale en Belgique ?
En ce moment, y’a plusieurs niveaux d’alerte et principalement le bilan des revenus du
streaming en Belgique et qui sont très mauvais. Les revenus du streaming en Belgique sont
dérisoires, car la monétisation du streaming est très mal faite et pas du tout à l’avantage des
artistes. La baisse des revenus générale est énorme, plus on va faire la faillite et la pauvreté.
Avant 2024, on avait des artistes belges qui étaient représentés au niveau des chiffres dans la
distribution et dans les ventes avec des disques d’or et des récompenses, ce qui signifie une
bonne santé du secteur. Maintenant, presque plus aucun n’arrive à un niveau de stream
suffisant.
Comment expliquez vous cette invisibilisation des Belges sur les plateformes de streaming ?
La Belgique est un petit pays avec un marché de consommation réduit, ce qui amène les
plateformes à négliger à la fois le nombre plus faible de consommateurs et les artistes qui y sont
associés. On a l’impression qu’on ignore l’existence même de ce pays, comme si sa culture et
ses artistes n’avaient pas de valeur.
Chez Spotify, il n’y a pas de bureaux et pas de responsable du marché belge , il faut parler soit à
des Hollandais, soit à des Français. Ou encore Appel music qui fait un classement par ville où il
n’y a pas Bruxelles, ni Anvers ni aucune mention de la Belgique dans leurs classements, comme
si on était un petit pays qui n’existe pas.
Quel est le problème que vous rencontrez avec les algorithmes sur les plateformes de
streaming?
Toute la proposition de streaming qui est géré par des algorithmes et notre problème commun
est qu’ils ne proposent que de la musique qu’on consomme déjà, donc on tourne en rond par
rapport à ces algorithmes. Les propositions de découverte étant automatisées, le choix de ce
qui est intégré dans les playlist éditoriales de chaque plateforme.
Les playlists éditoriales auxquelles on a affaire en Belgique quand on est un consommateur
abonné à Spotify ne sont remplies que d’artistes internationaux, il n’y a pas de Belges. Déjà, si
l’on pouvait changer ça et avoir de la représentation équitable et locale de ce qui se passe ici, ce
serait un grand pas.
On est dans une globalisation qui est générale et de vrais questionnements sociétaux qu’on doit
se poser et là on voit juste le dessus de l’iceberg, mais c’est la culture en générale qui pourrait
sombrer. Tout est cyclique et peut être que le format de consommation musicale changera.
Peut-être que, demain, plus personne ne s’abonnera à Spotify et il y aura autre chose. Pour
l’instant, il faut rester optimiste, mais il faut surtout que le public sache un tout petit peu la
situation dans laquelle on est.