Le suicide est-il un tabou?

Le suicide est la première cause de décès en Belgique chez les personnes âgées de 15 à 45 ans, et le nombre de suicides est resté constant au cours des dix dernières années. Mais ces chiffres sont toujours lents à être mesurés, car il faut du temps aux enquêteurs de la police pour confirmer qu’il s’agit bien d’un suicide et non, par exemple, d’un homicide.
« Si on se met dans la tête d’une personne suicidaire, elle est dans un tunnel où il n’y a pas de porte de secours et il n’y a pas de lumières. Donc parfois ils ne vont même pas chercher de l’aide parce que pour eux tout est noire, tout est fermé et rien n’est disponible pour les aider » nous explique madame Allison Verlaet, chargée de communication de l’association Un pass dans l’impasse.
Pendant la pandémie, en Belgique nous avons commencé à parler de santé mentale, ce qui n’était pas le cas auparavant.
« Un pass dans l’impasse » : prévention du suicide

« Un pass dans l’impasse » est une association en santé mentale spécialisée dans la prévention du suicide et la détresse des indépendants sur tout la zone Wallonie-Bruxelles.
« Depuis la crise sanitaire les demandes d’aide ont augmenté 48%. Aujourd’hui, depuis la crise sanitaire tous les comportements a risque sont amplifiés. » madame Verlaet nous redit.
La façon la plus courante de procéder est d’appeler l’association. L’équipe qui répond à l’appel commence à discuter avec la personne pour voir s’il y a un risque imminent ou si le patient peut attendre 2/3 jours avant le premier rendez-vous. Dès ce premier contact, l’organisation fixe un rendez-vous dans les plus brefs délais. Ce rendez-vous sera réalisé dans l’antenne plus proche de la personne (il y a 10 antennes disponibles en Wallonie-Bruxelles).
À partir de 18 ans tout citoyen peut être formé pour devenir une sentinelle. Une sentinelle c’est quelqu’un que via une formation gratuite de 2h dispensée par l’association Un pass dans l’impasse, peut ensuite détecter les signes d’alerte et décrocher une alerte auprès notre association.
Chez les jeunes universitaires
« L’inquiétude que nous avons tous pour l’environnement, le fait que nous n’arrivons pas à nous projeter dans l’avenir, les grèves, les parents qui connaissent des difficultés économiques et la prise de conscience que nous en connaîtrons aussi… Le lien avec la famille, les amis, les proches qu’on est très attachés qui commencent à disparaître comme nos grands-parents…. Les médias sociaux et le harcèlement… Oui, beaucoup de gens ont fait un choix à 18 ans et lorsqu’ils ont terminé leur master, ce n’était plus le bon choix pour eux. Et ils ne savent pas vraiment quoi faire s’ils doivent commencer à étudier, ils ne veulent pas en parler à leurs parents. Ils ont peur d’avoir gâché les trois années qu’ils ont passées à étudier pour obtenir leur baccalauréat. Et cela soulève beaucoup de questions. Un autre emploi étudiant perdu…. Le suicide n’a pas une raison, normalement c’est une accumulation des choses. Tout ça fait que la personne développe des idées suicidaires », plusieurs raisons sont énumérées par Madame Verlaet pour justifier l’état de santé mentale des élèves.
Tu ne vas pas bien ? As-tu des idées noires ?

Dans le début de cet article Madame Verlaet nous explique ce que ressent une personne ayant des idées suicidaires, de ce tunnel noir où on ne voyait rien. Elle nous a dit aussi que le fait de poser des questions au gens en demandant comme ils se sentent c’est la bonne chose à faire.
Elle précise que: » même si les gens disent qu’ils vont bien même s’ils ne vont pas bien, cette question allume une petite lumière dans le tunnel et ouvre une porte de secours. Demander une question c’est la première étape pour qu’une personne dans ce genre de situation ne se sente pas seule et sache qu’elle peut compter sur quelqu’un. Peut-être dans quelques jours elle va revenir vers vous en disant qui en fait elle ne va pas bien et qu’elle besoin d’aide« .
Donc, d’après Madame Verlaet, la première chose à faire c’est oser, poser la question aux gens et rendre progressivement ce sujet moins tabou.