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Les réseaux sociaux, amplificateurs d’anxiété et de dépression ?

« Le cyberharcèlement, c’est comme une mauvaise série Netflix : tu penses que ça va s’arrêter, mais ça ne fait qu’empirer. » — Bruno Humbeeck, psychologue

Une violence amplifiée par les médias numériques

La différence entre le harcèlement classique et le cyberharcèlement réside principalement dans le rôle des médias qui rendent la puissance du harcèlement beaucoup plus forte. En ligne, les attaques se propagent rapidement, ce qui rend l’impact beaucoup plus intense et rapide, souvent au-delà du contrôle de l’harceleur lui-même.

L’expérience de Victoria

Victoria, 20 ans, raconte son expérience de cyberharcèlement sur Instagram. Tout a commencé le 1er février 2025, lorsqu’un inconnu a tenté de s’abonner à son compte privé. Après avoir ignoré la demande, elle a reçu un message avec sa photo Facebook modifiée.

« On m’a volé mon identité. »

Victoria gasowska

Elle a d’abord essayé de discuter avec cette personne pour comprendre ce qu’elle voulait, mais rien n’y faisait. L’individu a commencé à contacter ses proches en se faisant passer pour elle. Heureusement, elle a été avertie assez rapidement. Après avoir pris conseil auprès de ses parents, elle a décidé de signaler la situation à son entourage et sur Instagram. Malheureusement, Instagram n’a jamais répondu. Elle a finalement bloqué le compte, ce qui a mis fin à l’harcèlement. Le lendemain, elle a constaté que l’harceleur avait supprimé son compte et ciblé une autre personne.

L’expérience de Getti

Getti, 17 ans, raconte son expérience de harcèlement simplement parce qu’il est efféminé. Tout a commencé par des moqueries et des commentaires méchants à son égard, que ce soit en public ou sur les réseaux sociaux dès qu’il a commencé à montrer sa personnalité et à affirmer qui il est réellement. Tout cela a créé un environnement incertain pour lui. Avec le temps, il redoutait d’aller à l’école ou de publier quoi que ce soit en ligne, par peur d’être frappé, humilié, ou même affiché avec des photos modifiées de sa tête, ne sachant jamais quand la prochaine attaque allait arriver. Getti se sentait souvent différent et jamais en sécurité, sans pouvoir parler à ses amis ou à des adultes par peur de ne pas être cru. Cette expérience lui a appris à quel point il est crucial de briser le silence et de soutenir ceux qui souffrent de telles situations.

Le cyberharcèlement : Une dynamique amplifiée

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Bruno Humbeeck – Psychologue

Bruno Humbeeck, psychologue, souligne que le cyberharcèlement est une forme de harcèlement amplifiée par la puissance des médias numériques. Il explique que le harcèlement ne se résume pas simplement à une action répétée, mais à une dynamique où une personne domine une autre, souvent en présence de spectateurs.
« Ce qui va créer le harcèlement, c’est le sentiment qu’on est dans une situation désespérée… vous êtes écrasé par la souffrance dans laquelle on vous met simplement par des conduites de dominant qui vous imposent une posture de dominé. »
Dans le cyberharcèlement, cette dynamique est exacerbée par la rapidité avec laquelle les informations se propagent. La victime devient un spectacle pour un large public, et ce phénomène est amplifié par l’effet de la « caisse de résonance » du numérique. Comme le note Humbeeck :
« Le harcèlement finalement… est mis dans une forme de caisse de résonance… c’est pour ça que c’est beaucoup plus dangereux et que ça produit des dégâts souvent beaucoup plus considérables et plus rapides. »

La souffrance virtuelle mais réelle

La souffrance, bien qu’elle soit virtuelle, n’est en rien irréelle.

« Ce n’est pas une souffrance irréelle… c’est juste une puissance qui gagne en force, en force virtuelle. »

Bruno humbeeck

Les attaques peuvent être uniques, comme dans le cas du « flaming » où une personne est attaquée publiquement, mais aussi répétitives, fragilisant progressivement la victime.
Le cyberharcèlement ne se limite pas à des mots, il est un phénomène massif, d’une violence impressionnante, qui détruit une personne à travers la diffusion d’une souffrance profonde, visible de tous, qui peut même finir en situation de désastre.

L’illusion du contrôle et la réalité du cyberharcèlement

Les réseaux sociaux nous font croire que nous avons le contrôle sur ce que nous montrons. Nous partageons, nous éditons, nous filtrons. Mais ce contrôle est en réalité une illusion. Lorsque la violence se cache derrière un écran, il devient presque impossible de réagir efficacement. Les victimes, comme Victoria et Getti, ne sont pas simplement des chiffres dans une étude ; ce sont des humains, des individus dont la vie a été chamboulée par ce fléau numérique.
Il est grand temps de repenser notre usage des réseaux sociaux. Parce qu’une fois la ligne franchie, il est parfois trop tard pour réparer les dégâts.

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