Santé mentale des jeunes : des mesures suffisantes face à l’urgence ?

Absence de vie sociale, famille peu présente, solitude, repli sur soi…la santé mentale des jeunes belges se détériore. Aujourd’hui, 16,3% des adolescents sont d’ailleurs concernés par des troubles mentaux. La situation est urgente. Le gouvernement essaye de trouver des solutions.
Face à l’augmentation des problèmes mentaux chez les jeunes belges : la santé mentale est devenue une priorité. La prise de conscience est si forte que le nouveau gouvernement belge, Arizona, dirigé par le Premier ministre De Wever, a décidé d’agir.
Le gouvernement a signé, début 2025, un accord de coalition fédéral, définissant les priorités politiques, économiques et sociales. Parmi les dispositions prises, l’accord maintient le remboursement intégral des soins psychologiques pour les enfants et les jeunes jusque 23 ans. Cette initiation se veut répondre à une situation préoccupante : la dégradation de la santé mentale des jeunes, accentuée par la crise du covid. Toutefois, on peut se demander si cela est suffisant au vu du contexte actuel du secteur de la psychologie en Belgique.
Vanessa Schartz, psychologue depuis 23 ans au service de santé mentale « la Gerbe », a accepté de répondre à nos questions. Diplômée en psychologie à l’UCL et spécialisée en thérapie familiale contextuelle, elle est confrontée à cette réalité au quotidien. Elle accompagne aujourd’hui les jeunes en thérapie et dialogue avec eux sur des questions profondes.
La proposition du gouvernement de maintenir le remboursement des frais de soins psychologiques jusque 23 ans est-elle suffisante ?
La mesure de la gratuité des soins psychologiques est évidemment une bonne nouvelle. La démocratisation de l’accès aux soins est en soi toujours une bonne chose… mais cette mesure ne peut pas occulter les difficultés d’aujourd’hui. Il y a une véritable pénurie de psychiatres, les services de santé mentale (SSM) sont saturés et il y a un manque de moyens. Il est nécessaire de trouver une solution. Déjà, pendant et après le covid, le gouvernement avait pris des mesures mais insuffisantes.
De quelles mesures s’agissait-il ?
Le gouvernement avait privilégié une mesure de prise en charge par l’INAMI (Institut national d’assurance maladie invalidité), subsidiée par l’enveloppe fédérale, concernant les psychologues indépendants (PPL) c’est-à-dire les psychologues de première ligne. Le but était de rendre ces psychologues accessibles à tout le monde. Le patient payait très peu, mais pour un nombre limité de séances et, en retour, le psychologue recevait une compensation. Les enveloppes épuisées ; les patients sont retournés vers les SSM. Tout cela n’a pas désengorgé les organismes. A ce moment-là, le gouvernement aurait pu privilégier le renforcement des structures déjà existantes, comme ces SSM ; ce qui n’a pas été le cas.
Qui se retrouve lésé par la situation ?
Une bonne partie de la population est lésée. Il y a beaucoup de mal à consulter. Ce n’est pas une démarche facile. Ils se retrouvent sur liste d’attente et attendent parfois plusieurs mois avant de pouvoir obtenir un rendez-vous.

Donc quelle est la situation aujourd’hui ?
En observant la carte du nombre de psychiatres par région ; on constate que les professionnels sont principalement en Flandres. A Bruxelles et en Wallonie, ils sont moins nombreux. Mais dans le sud du pays, c’est une catastrophe. Il est difficile de consulter. Pour voir un psychiatre dans des délais raisonnables, il faut parfois passer par les urgences mais cela ne garantit pas qu’il y aura un suivi psychologique.
« Il est essentiel de revaloriser tout le secteur de la santé mentale. »
Vanessa Schartz
Que faudrait-il faire ?
Le remboursement des soins est toujours bénéfique mais cette proposition ne peut pas cacher les problèmes actuels. Il faut renforcer les structures déjà existantes, mais aussi faire un vrai travail de prévention dans les écoles… Il est essentiel de revaloriser tout le secteur de la santé mentale.

