Politique

Le gouvernement Arizona : une jeunesse sacrifiée ?

Travail étudiant, flexi-jobs, précarité : les jeunes en première ligne des nouvelles réformes

Après neuf mois de négociations, la Belgique a enfin un gouvernement fédéral. La coalition Arizona, composée du MR, de l’Open VLD, des Engagés et de Vooruit, affiche son ambition de moderniser le marché du travail et de relancer l’économie. Mais derrière ces promesses, les étudiants et les jeunes travailleurs voient surtout une précarisation accrue. Avec des mesures facilitant les flexi-jobs, augmentant le quota d’heures de travail étudiant et favorisant des contrats ultra-flexibles, le risque est grand que la jeunesse belge soit reléguée au rang de main-d’œuvre low-cost. Les syndicats et les associations étudiantes dénoncent déjà un accord qui fragilise encore plus une génération qui peine déjà à se stabiliser.

Mais qu’en pensent les premiers concernés ? Nous avons recueilli le témoignage de deux jeunes directement impactés par ces nouvelles mesures.

On nous demande de bosser plus, mais sans droits en retour »

 Nora, 23 ans, étudiante, travaille en job étudiante dans la restauration. « Comme beaucoup d’étudiants, je travaille pour financer mes études. Mais au lieu de rendre le travail étudiant plus valorisant, le gouvernement propose simplement d’augmenter le quota d’heures autorisées. Ça part du principe que notre seul problème, c’est qu’on ne peut pas travailler assez. Mais en réalité, c’est qu’on doit déjà bosser pour survivre, et qu’on est payés au rabais. Augmenter ce quota, c’est surtout un cadeau pour les employeurs. Ils auront encore plus de jeunes à disposition pour occuper des postes sous-payés, sans droits sociaux, sans avenir. Moi, je veux faire des études, pas devenir une travailleuse précaire à temps partiel. On n’a pas besoin de plus d’heures de boulot étudiant, on a besoin de meilleures conditions et d’une vraie protection sociale. »

Des contrats flexibles, ça veut dire zéro stabilité »

Daniel, 25 ans, diplômé en stylisme et enchaînant les petits boulot ». J’ai terminé mes études l’année dernière, et depuis, je rame pour trouver un emploi stable. Ce que le gouvernement propose, c’est de nous donner des « opportunités » via les flexi-jobs, mais en réalité, ça nous enferme dans la précarité. Les entreprises préfèrent embaucher des jeunes en flexi-job plutôt que de leur proposer un vrai contrat. Résultat, on devient une main-d’œuvre jetable, corvéable à merci. Moi, je bosse dans la vente depuis six mois, mais mon contrat est reconduit mois par mois. Impossible de faire des projets, de louer un appartement, d’avoir une sécurité financière. On nous vend ces réformes comme de la « flexibilité », mais en réalité, on perd tous nos droits. »

Un marché du travail qui se durcit pour les jeunes

Les réformes de la coalition Arizona s’attaquent à plusieurs aspects du marché de l’emploi, et les jeunes sont les premiers touchés.

Travail étudiant : Le quota passe de 475 à 650 heures par an, soit une hausse de près de 40 %. Une aubaine pour certains employeurs, qui auront une main-d’œuvre plus disponible, mais une menace pour les étudiants, qui risquent de voir leurs études reléguées au second plan.

 Flexi-jobs généralisés : Ce statut, qui concernait à l’origine les retraités et les travailleurs souhaitant un complément de revenu, est étendu à tous les secteurs. Concrètement, un employeur pourra préférer un flexi-job à un contrat stable, puisque ces emplois sont exonérés de cotisations sociales.

Contrats ultra-flexibles : L’obligation d’avoir un minimum d’heures garantis dans un contrat à temps partiel est supprimée. Cela signifie que certains jeunes pourront se retrouver avec des contrats d’une ou deux heures par semaine, sans aucune garantie d’un revenu suffisant.

https://www.facebook.com/share/v/1KxN2fTjwb/?mibextid=wwXIfr : Le gouvernement Arizona : une jeunesse sacrifiée ?

Un fossé qui se creuse entre les jeunes et la politique

D’après une étude de l’Université de Gand, six jeunes Belges sur dix estiment que la politique ne les représente pas. Ce désintérêt pour les institutions ne vient pas d’un manque d’intérêt, mais d’un sentiment de déconnexion entre les dirigeants et la réalité vécue par la jeunesse.

« On nous vend ces réformes comme une opportunité, mais elles profitent surtout aux entreprises. Nous, on reste dans la galère, avec des boulots mal payés, sans avenir. Je ne crois plus du tout en la politique » confie Daniel. Cette rupture générationnelle se reflète aussi dans les mobilisations récentes. Manifestations étudiantes, appels à la grève, boycott de certaines entreprises… La jeunesse ne déserte pas la politique, elle s’exprime autrement.

Vers une contestation grandissante ?

Face à l’annonce des mesures du gouvernement Arizona, plusieurs syndicats et associations étudiantes appellent déjà à la mobilisation. Des manifestations sont prévues dans les semaines à venir, et la pression monte pour exiger des ajustements sur ces réformes.

« Si le gouvernement ne revient pas sur certaines mesures, on ira dans la rue affirme Nora . « On ne va pas se laisser faire sans réagir. »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *