Société

Ramadan en famille : Un pont entre héritage et modernité.

Chaque génération vit ce mois sacré à sa manière. Pour Samira, 38 ans et maman de deux enfants, le Ramadan est un équilibre entre transmission des traditionset adaptation aux modes de vie actuels. Entre les réveils difficiles pour le Suhoor, l’influence des réseaux sociaux et une approche plus personnelle de la spiritualité, elle observe avec tendresse comment les pratiques évoluent. Pourtant, malgré ces changements, l’essence du Ramadan – partage, patience et foi – demeure intacte.

Le Suhoor, dernier repas avant l’aube, reste un moment clé du Ramadan. Pourtant, son ambiance n’est plus la même. « Mon mari et moi, on est habitués à ce rythme, mais pour mes enfants, c’est plus compliqué », confie Samira. Son fils aîné, Nassim, qui jeûne désormais entièrement, tente de se lever mais peine à émerger. Le plus jeune, Isaac, préfère parfois rester sous la couette. « Quand j’étais petite, tout le monde se réveillait ensemble. C’était un moment de partage. »

Aujourd’hui, ce rituel tend à devenir plus solitaire. « Nassim regarde des vidéos sur son téléphone en mangeant. Ça l’aide à se réveiller, mais ce n’est pas du tout comme avant », note-t-elle. Même si elle accepte ces nouvelles habitudes, elle veille à ce que l’esprit du Ramadan ne se perde pas derrière les écrans.

Le jeûne à l’épreuve des nouvelles tentations

Avec des journées rythmées par l’école et les activités, le jeûne représente un vrai défi pour les plus jeunes. « À mon époque, on le vivait comme une fierté. Aujourd’hui, c’est plus compliqué avec toutes les tentations. » Entre les vidéos culinaires qui envahissent les réseaux sociaux et les camarades qui ne jeûnent pas, la discipline est souvent mise à l’épreuve. « Isaac m’a déjà confié qu’il avait envie de boire discrètement à l’école. Nous, on ne se posait pas autant la question. »

Plutôt que de le gronder, Samira préfère la discussion. « Je lui rappelle pourquoi on fait ça, sans le forcer. C’est essentiel qu’il comprenne le sens du jeûne, au lieu de le vivre comme une obligation. » Une approche bienveillante, qui reflète l’évolution des mentalités.

Une cuisine simplifiée, mais toujours ancrée dans les traditions

À l’heure de l’Iftar, fini les heures passées derrière les fourneaux. « Je prépare toujours une soupe traditionnelle, comme la harira ou la chorba, mais je privilégie la simplicité. Je veux vivre le Ramadan autrement. »

Côté transmission, là aussi, les habitudes évoluent. « Nassim met la table, mais il n’a pas le réflexe d’aider en cuisine comme nous avec nos mères. Ma fille aime faire des gâteaux, donc elle participe parfois. » Une implication plus légère, qui s’adapte au rythme de vie d’aujourd’hui.

L’après-Iftar : une spiritualité plus individuelle

Autrefois, la prière du soir, les Tarawih, rassemblait les fidèles à la mosquée. Aujourd’hui, la tendance est à une pratique plus personnalisée. « Nassim et Isaac préfèrent prier à la maison et passer du temps sur son téléphone après. » Moins de collectivité, mais pas nécessairement moins de foi. « Les jeunes ont accès à beaucoup plus de connaissances via internet. Ils se posent des questions, veulent comprendre le sens du Ramadan plutôt que de suivre les traditions aveuglément. » 

Si Samira déplore parfois la perte d’un certain esprit communautaire, elle reconnaît que cette évolution a aussi du bon. « Le principal, c’est que les valeurs de patience, de gratitude et de spiritualité restent. »

Un équilibre entre transmission et adaptation

Le Ramadan d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui, et celui de demain sera encore différent. « Chaque génération l’adapte à son époque », conclut Samira. Son rôle de maman ? « Transmettre l’essentiel, tout en acceptant que mes enfants le vivent différemment. »