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La Paillote africaine : étoile montante de l’Afro-Food en Belgique

Le 17 février 2025, le cinéma Palace à Bruxelles a accueilli l’avant-première du documentaire Roots and Plates: A Story Of Afro Food In Belgium. Ce film a pour ambition de faire découvrir l’univers de la cuisine afrodescendante en Belgique à travers les récits de chefs, restaurateurs et passionnés. Parmi ces voix, celle de Wivine, cheffe et propriétaire du restaurant La Paillote Africaine à Huy.

Son histoire témoigne des défis et de la passion nécessaires pour faire vivre l’afro-food en Belgique. Wivine a grandi à Bumba, localité portuaire du nord de la République démocratique du Congo. Sa première approche de la cuisine s’est faite dans cette région, où son père tenait un restaurant. « Il avait un restaurant, et il y avait des femmes qui préparaient pour ce restaurant-là. Et moi, je regardais. C’est là que tout a commencé. » Pourtant, faire de la cuisine son métier n’était pas initialement dans ses plans. Au Congo, elle était infirmière.

C’est en arrivant en Belgique qu’elle commence à travailler dans un restaurant à Huy. Petit problème : son patron ne possède pas l’accès à la profession, une obligation légale pour gérer un établissement de restauration. Après un contrôle, l’activité du restaurant est restreinte, ce qui pousse Wivine à envisager de faire des études en hôtellerie. Initialement, son objectif est d’obtenir l’accès à la profession pour aider son patron, mais celui-ci lui propose finalement de reprendre le restaurant. Après réflexion, elle décide d’accepter, mais doit d’abord compléter une formation d’un an en gestion.

Une fois diplômée, la proposition de son ex-patron a malheureusement expiré. Grâce à son réseau, elle découvre un ancien karaoké en périphérie de la ville, qu’elle transforme progressivement en son restaurant, La Paillote Africaine. Malgré des moyens limités, elle réussit à développer son établissement, étape par étape.

Les défis du quotidien

Depuis 2004, La Paillote Africaine est une adresse incontournable pour les amateurs de cuisine africaine. Wivine en est aux commandes et gère seule le travail en cuisine.
« Travailler comme indépendante en tant que cuisinière, ce n’est pas facile du tout, explique-t-elle. Puisque ma cuisine est ouverte, on voit quand je travaille. Souvent, les gens sont étonnés de voir que tout ce qu’ils mangent, je suis seule à le préparer. »

D’autant plus que la cuisine africaine demande du temps. « Si des clients commandent un steak-frites, c’est vite fait, c’est servi. La majorité des plats africains sont des plats mijotés. Ça prend des heures et des heures.

Cela nécessite une bonne organisation. Les week-ends, elle opte souvent pour des « buffets découverte » afin de faciliter le service et permettre à chacun de goûter à plusieurs spécialités. Photo par Naya Sanguinettio

Malgré les difficultés, les charges et les imprévus – comme le Covid – son amour pour la cuisine reste intact. « Ça fait 21 ans que je suis là, avec des hauts et des bas. Mais c’est parce que j’aime mon métier. J’aime ce que je fais. La cuisine, c’est ma passion. Je ne saurais pas faire autre chose, c’est pour ça que je me bats. »

Grâce à sa détermination, La Paillote Africaine continue d’accueillir ses clients dans une ambiance chaleureuse.

Une notoriété grandissante

Si La Paillote Africaine est devenue une adresse incontournable, c’est avant tout grâce au bouche-à-oreille. Depuis plus de 20 ans, Wivine a su fidéliser une clientèle qui n’hésite pas à recommander son établissement. « Beaucoup de clients viennent parce qu’un proche leur a parlé de moi. C’est ce qui me motive à continuer », confie-t-elle.

Cette reconnaissance s’est aussi traduite par une présence remarquée dans le guide Petit Futé, pour la cinquième fois consécutive. « La première fois, en 2019, je ne savais même pas ce que c’était ! C’est un client qui m’a appris que mon restaurant y figurait », raconte-t-elle.

Dernièrement, c’est à travers le documentaire Roots and Plates: A Story Of Afro Food In Belgium que son restaurant a été mis en avant. « Au début, j’étais hésitante, mais j’ai trouvé que c’était une belle opportunité de faire connaître mon restaurant et la richesse de notre cuisine. »

Une transmission en préparation

Malgré sa passion pour son métier, Wivine se rapproche de l’âge de la retraite et pense donc à l’avenir de son restaurant. Ses filles ne souhaitant pas reprendre l’affaire, elle cherche activement quelqu’un à former pour assurer la continuité de La Paillote Africaine.

C’est ainsi qu’une jeune femme passionnée de restauration s’est proposée. « Elle m’a confié qu’elle rêvait de reprendre La Paillote un jour. Elle suit sa formation, et moi, je suis là pour l’accompagner », explique Wivine.

L’objectif est de transmettre non seulement le restaurant, mais aussi l’âme de La Paillote Africaine. « Mes clients sont habitués à ma cuisine, donc il faut qu’elle garde l’essence de ce que j’ai créé, tout en y apportant sa touche personnelle », ajoute-t-elle.

Si le passage de relais n’est pas encore acté, la transition se prépare doucement, sous l’œil attentif de Wivine, qui restera disponible pour guider celle qui prendra la relève.