PortraitSociété

Actrices invisibles mais engagées

Le 8 mars 2025, des manifestations ont eu lieu pour la Journée internationale des femmes, afin de défendre la lutte contre violences sexuelles. C’était l’occasion parfaite de mettre en lumière les acteurs et actrices souvent méconnus. Témoignage de Emilie De Costa Almeida, une étudiante militante.

«Je trouve que c’est toujours une journée très dure. Je suis très mitigée parce que, d’un côté, c’est beau et fort que tout ce monde soit ensemble et lié, unis par une même colère. Mais, d’un autre côté, tu lis tellement de pancartes bouleversantes et pleines de vérité. », voilà ce qu’Emilie nous dit après avoir participé à la manifestation du 8 mars.

Emilie De Costa Almeida

À 23 ans, Emilie De Costa Almeida, étudiante en master de journalisme à l’IHECS, porte un intérêt particulier depuis longtemps au sujet des violences sexuelles. Elle vient d’une petite ville où les gens ne sont pas forcément bien informés. Quand elle y vivait encore, elle savait qu’elle était féministe. Aujourd’hui, lorsqu’elle y retourne, elle se rend compte à quel point les gens restent d’une certaine manière ignorants à ce sujet. « À l’instant où je suis arrive à Bruxelles, j’ai immédiatement été mise en contact avec la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. » Elle découvre les collectifs et, a quotidien, ses études lui ont également permis d’approfondir ces sujets.

L’ensemble des VSS (violences sexistes et sexuelles) ne peut pas être catégorisé ; c’est un tout qui est mal fait.

Pour Emilie, un cas de violence sexuelle est traité au pénal comme n’importe quel autre crime or les crimes sont généralement jugés sur la base de preuves, mais juger un cas de VSS sur la seule base de preuves est particulièrement compliqué. Il y a trop peu de mesures mises en place, les gens ne comprennent pas. C’est bien de proposer des initiatives comme les CPVS (centres de prise en charge des violences sexuelles), c’est génial et indispensable, mais c’est encore loin du compte.

Toutes étudiantes à l’IHECS, Emilie, Inès, Selena, Aileen, Céline et Charlotte sont six jeunes femmes qui, dans le cadre de leur mémoire médiatique, ont réalisé un projet journalistique visant à mettre en lumière les alternatives à la justice pénale face aux violences sexuelles et sexistes commises à l’encontre des femmes. « On a travaillé dessus pendant un an et demi pour créer une web-série, comprenant des vidéos et des podcasts, afin de toucher et d’informer un maximum de personnes. » Elles partent d’un constat : l’échec du système judiciaire. Leur démarche s’inscrit dans une approche de journalisme de solutions, cherchant à relier les problématiques sociales les plus profondes à leurs réponses potentielles.

Via Instagram, Justices Pluri.elles informe les féministes, alliés et personnes concernées sur l’actualité. Ainsi que de clarifier des points et toucher un public large, parfois peu informé sur des notions comme le chiffre noir ou gris.

Grâce à ce projet, elles ont eu l’occasion de discuter avec de nombreuses personnes, notamment des femmes qui sont passées par l’art, la danse, le dessin pour se réapproprier leur corps. « Ce mémoire a pris une ampleur au-delà de ce qu’on pensaient. Des témoignages de femmes qui parlaient de ce qu’elles avaient vécu ont commencé à affluer. » Elles ne pouvaient pas les conseiller professionnellement, c’est là qu’elles ont décidé de s’inscrire dans le journalisme de solution, afin de ne pas se contenter d’exposer un problème, mais de montrer que des solutions potentielles existent. Sur Instagram, on trouve des ressources auxquelles les gens peuvent avoir accès, comme SOS Viol, ainsi que des organisations vers lesquelles on peut se tourner si l’on a besoin d’aide. Sur leur site, elles parlent de solutions organisées par l’État, telles que l’ASBL Praxis.

Informez-vous, car se déconstruire au quotidien est essentiel pour changer le système. L’information est désormais largement accessible.