Environnement

La Loge : la friperie du cinéma français

À chaque fin de tournage, des centaines de costumes et de vêtements restent inutilisés, souvent oubliés dans un coin de studio ou jetés faute de solution. Face à ce gaspillage, Mélody Collange et Sarah Gélin ont décidé d’agir en lançant « La Loge », une initiative unique pour récupérer, recycler et revendre ces pièces issues du cinéma et du théâtre.

Gauche : Sarah Gélin. Droite : Mélody Collange.
Photo : Frédéric Murarotto (Instagram)

Le début d’une nouvelle aventure

Mélody Collange, costumière depuis 12 ans travaillant sur une multitude de projets (YouTube, cinéma, séries, clip, publicités) et très grande amatrice de friperies, a toujours rêver d’ouvrir sa propre friperie à concept. C’est lors d’un voyage à Los Angeles qu’elle découvre une friperie de vêtement issu de film hollywoodien. Une révélation : pourquoi ne pas adapter cette idée en France ?

Pour amener ce concept de friperie en France, elle a décidé d’ouvrir son entreprise, accompagnée de sa meilleure amie, Sarah Gélin, productrice chez Zazi Films, ayant produit la série Lupin ou le film Miss (2020). Elle devient alors directrice générale et Mélody est présidente de la société de collecte « La Loge ». L’entreprise est articulée en deux entités : d’abord, « La Loge Collect », le service de rachat des vêtements et costumes auprès des productions, que ce soient des productions audiovisuelles ou de théâtre. Mais également « La Loge Store », une future friperie où seront vendus tous ces vêtements collectés.

Le combat contre la surconsommation dans l’audiovisuel

Lors des tournages, le travail des costumiers est essentiel pour trouver les meilleures tenues à chaque acteur, figurants et cascadeurs. De nombreux vêtements sont utilisés, d’autre non, et à la fin du tournage, ils finissent oubliés, stockés, ou jetés. « Beaucoup de productions n’ont pas de solutions et stockent les costumes jusqu’à ce qu’ils soient abîmés et inutilisables », explique Mélody.

C’est là qu’intervient « La Loge Collect » : Mélody et Sarah se déplacent directement chez les productions, trient les pièces encore en bon état et les rachètent à petit prix. Cela incite les productions à la revente plutôt que la destruction.

Mais leur démarche ne s’arrête pas là. Les meilleures amies proposent aussi aux productions de récupérer les vêtements qui sont trop vieux, tâchés ou abîmés, pour leur donner une autre fonction. Soit elles les proposent à des associations dont elles en ont besoin. Soit, elles s’engagent à donner ces vêtements souillés à des entreprises spécialisées dans le recyclage textile. Certaines pièces serviront à fabriquer des couches isolantes ou des briques, une manière innovante d’éviter tout gaspillage.

Une nouvelle vie pour les costumes

Pour l’instant, les vêtements collectés sont entreposés dans le « Head Quarter » de « La Loge » … autrement dit, le garage de Sarah. Mais pas pour longtemps : Mélody et Sarah prévoient d’ouvrir leur boutique au printemps 2025. Le lieu reste à définir, mais le souhait serait de l’ouvrir, dans le 18ème de Paris, le « Paris d’Amélie Poulain », un quartier de cœur de Mélody. Mais elles veulent cependant éviter le centre de Paris ou dans le Marais, considéré comme une zone de shopping avec d’autres friperies, donc aucun intérêt de s’installer dans ce quartier et de ne pas pouvoir se démarquer. « Quand on a un bon concept de friperie, les gens sont prêts à faire le déplacement », affirme Mélody.

Avec leur passion commune et leur amitié, Mélody et Sarah ont pu donner une solution concrète et qui fonctionne dans le milieu du cinéma, tout en faisant un geste pour contrer la surconsommation de vêtement. Leur engagement montre qu’avec un peu de créativité, chaque costume peut trouver une nouvelle scène où briller.