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Le tailoring, matières nobles, coupes droites : un style jugé élitiste ?

Le tailoring s’impose sur tous les défilés de haute couture et de prêt-à-porter. Mais une question se pose : et si derrière cette tendance, se cachait une uniformisation discrète ?

Influenceuse Instagram, @wolfiecindy

Le tailleur, reconnu pour ses matières raffinées et ses lignes droites, a longtemps été considéré comme un symbole d’élitisme. Néanmoins, les récentes tendances de mode 2025 et les défilés automne/hiver 2026 à venir, qui auront lieu successivement à, Paris Milan et Londres, pour la Fashion Week, signalent un retour accru et une réinvention de ce style, se penchant sur le tailleur, mettant en avant sa démocratisation.

Une tendance changeante

Giovanni Baseggio, jeune styliste diplômé, nous dévoile sa pensée : « A l’école de mode on a appris que c’était réservé aux élites, aux hommes d’affaires ou aux personnes influentes ».

Traditionnellement associé à un certain milieu social, le tailleur connait une transformation conséquente. Les créateurs contemporains revisitent les coupes classiques en y intégrant des éléments modernes et décontractés. Par exemple, Dior qui a déjà présenté des costumes aux lignes épurées, mêlant élégance et avant-gardisme, ou Schiaparelli qui joue avec les volumes, les textures et les ornements pour repousser les limites du prêt-à-porter et de la haute couture.

Schiaparelli SS25, Paris

Ces matières nobles, autrefois associées à la vie mondaine, deviennent de plus en plus courantes grâce à des approches innovantes et durables. Les designers explorent des tissus techniques et écoresponsables, rendant à la fois la pièce abordable et qualitative.

Giovanni : « Bien que le tailoring ait longtemps été associé à une élite, il s’est démocratisé avec le prêt-à-porter. Aujourd’hui, il est possible de trouver des pièces tailleur à différents budgets et styles. »

Les défilés automne/hiver 2026 qui auront lieu dès ce 24 février, soulignent l’importance du tailleur dans les collections. On peut le constater : costumes aux coupes précises et aux matières raffinées sont mises en avant, reflétant une tendance vers une mode plus inclusive et stylisée. De plus, des maisons comme Prada et Maison Martin Margiela ont remis au gout du jour le pantalon slim, signalant un retour aux coupes ajustées et sophistiquées.

Maison Martin Margiela, SS25

Une volonté de casser les codes

Giovanni : « Les jeunes s’approprient ce style en jouant avec les proportions, les matières et les associations. On voit de plus en plus de silhouettes qui revisitent l’esthétique avec des coupes plus fluides, des couleurs, patchworks,… » Loin d’être réservé à une élite, le tailleur s’adapte désormais à une variété de styles et de budgets. Les créateurs proposent des pièces polyvalentes, permettant de mixer des éléments formels avec des pièces plus décontractées. Cette approche hétérogène rend le tailleur accessible à un public plus large, désireux d’adopter une élégance contemporaine sans les contraintes d’un style trop formel.

Le tailleur, autrefois perçu comme élitiste, évolue vers une mode plus inclusive et adaptable. Grace à l’innovation des créateurs et à une approche renouvelée des matières et des coupés, ce style s’impose comme une tendance majeure des saisons à venir, accessible à toutes les personnes voulant allier élégance et modernité.

Finalement, Giovanni nous apporte sa pensée profonde quant à la question du tailoring : « Beaucoup de créateurs utilisent la mode pour défendre des causes comme l’inclusion, la diversité ou la liberté d’expression. On voit des pièces qui dénoncent le racisme, l’homophobie, la grossophobie, ou qui cherchent à déconstruire les normes de genre et de classe. Le vêtement devient alors un véritable outil de communication, un moyen de provoquer une réflexion et de faire évoluer les mentalités. Et c’est là que la mode prend tout sons sens : quand elle dépasse l’esthétique pour raconter quelque chose de plus grand ».