Réforme de l’enseignement technique : entre inquiétudes et espoirs.
A l’annonce de la réforme fin des 7es années qualifiantes et regroupements forcés inquiètent les enseignants. Bernard Ghekière, directeur d’établissement, alerte sur les conséquences pour les élèves et l’avenir des filières qualifiantes.

Le 26 septembre 2024, la communauté française a annoncé une réforme importante de l’enseignement secondaire, ciblant particulièrement les filières techniques et professionnelles. Toutefois, ces changements suscitent des inquiétudes au sein du corps enseignant. En effet, Bernard Ghekière, le directeur de l’Institut Marie Immaculée, a pu nous exprimer ses inquiétudes :
« Je suis très sceptique et interpellé, car cela fait plusieurs années qu’on nous parle de revaloriser l’enseignement qualifiant, et quelque part, ce n’est pas vraiment dans cette direction que l’on va. Ce qui me gêne vraiment en tant que chef d’établissement, c’est d’apprendre par la presse les modifications, que les annonces soient faites avant l’envoi des circulaires officielles. Cela a été le cas pour pas mal de choses ces derniers temps entre le gouvernement et les établissements scolaires. La communication devient difficile, et la crédibilité ainsi que la légitimité des mesures prises sont finalement un peu affaiblies. »
Rationalisation des options : une mesure économique controversée
L’un des aspects majeurs de cette réforme concerne la rationalisation des options dans les établissements scolaires. Désormais, si une option compte moins de 10 élèves et qu’un autre établissement proposant la même formation se trouve dans un rayon de 10 km, les élèves seront regroupés au sein d’un seul et même programme.
Des inquiétudes pour la diversité et l’accessibilité des formations
Cette mesure vise à réaliser des économies substantielles dans le secteur de l’éducation. Cependant, de nombreux enseignants s’inquiètent des conséquences sur la diversité des formations et sur l’accessibilité pour certains élèves. Monsieur Ghekière explique que la diminution des moyens est dramatique, mais que tout dépendra du contexte de l’école. Il précise que, dans une école comme la sienne, l’impact ne sera pas énorme, mais que, pour les établissements axés principalement sur l’enseignement qualifiant aux 2e et 3e degrés, les répercussions risquent d’être dramatiques et de mettre en péril la survie de certaines écoles.
Reste à voir comment cette réforme sera mise en place et quelles seront ses répercussions sur l’avenir de l’enseignement technique et professionnel en Belgique.
L’avenir incertain des 7es années dans l’enseignement qualifiant
Les syndicats et les établissements scolaires expriment de vives inquiétudes quant à l’avenir des 7es années dans l’enseignement qualifiant. La réforme portée par la ministre prévoit en effet qu’un élève ayant obtenu son CESS ne pourra plus poursuivre sa formation dans ce cadre. Au lieu de bénéficier d’une spécialisation ou d’une année supplémentaire pour affiner ses compétences, il devra désormais se tourner vers d’autres structures, sans garantie d’un accompagnement équivalent.
Une transition difficile vers la formation pour adultes
Pour Bernard Ghekière, cette mesure suscite des craintes quant à l’accessibilité des formations complémentaires et à l’avenir professionnel des jeunes concernés :
« Je ne suis pas le seul à penser que les jeunes qui suivent des options qualifiantes ont besoin de soutien pour spécialiser leur formation. Certains ont eu des parcours toujours plus simples et plus valorisants, et le fait de se retrouver dans un milieu d’adultes avec des enseignants – sans remettre en cause leurs compétences professionnelles – qui ne sont pas habitués à travailler avec un public adolescent risque d’être plus difficile. En plus, la différence est qu’en plein exercice, une 7e se fait en un an, alors que la formation pour adultes se déroule en 2-3 ans, en cours du soir et en horaire décalé, avec la perte du statut d’étudiant. Il y a donc la nécessité de trouver un emploi et de gérer à la fois la vie professionnelle et les études, ce qui crée un risque que ces jeunes n’aillent pas jusqu’au bout de leur formation. Alors qu’avec un statut d’étudiant et une année en plein exercice, la probabilité d’aboutir est plus élevée. »
Un pari budgétaire aux conséquences incertaines
Alors que la communauté française justifie cette réforme par des impératifs budgétaires et une volonté d’optimisation des ressources, de nombreux acteurs du secteur éducatif restent sceptiques. Pour Bernard Ghekière et d’autres directeurs d’établissement, ces mesures risquent de fragiliser encore davantage l’enseignement technique et professionnel, en réduisant les opportunités pour les élèves et en compliquant leur parcours. Reste à voir si des ajustements seront envisagés face aux inquiétudes exprimées ou si cette réforme marquera un tournant difficile pour l’avenir de ces filières en Belgique.
