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Santé mentale des étudiants : encore un sujet tabou ?

Au cours des dernières années, on observe que la santé mentale des jeunes est devenue une préoccupation croissante en Belgique. Selon une enquête menée par l’UCLouvain, 29 % des étudiants ont consulté un spécialiste en santé mentale pendant leur année scolaire, mais seulement 19,3 % d’entre eux ont reçu l’aide nécessaire à l’université. Cette situation est préoccupante, d’autant plus que l’étude d’Education Santé révèle qu’en 2023, 16,3 % des jeunes âgés de 10 à 19 ans étaient diagnostiqués avec un trouble mental, tandis que 63,1 % d’entre eux rapportaient une dégradation de leur état psychologique.

Devant ces données inquiétantes, les universités et Hautes écoles belges ont encore de la difficulté à répondre aux exigences accrues de leurs étudiants. À de trop nombreuses reprises, ces derniers doivent faire face seuls aux pressions académiques et personnelles, faute d’un accompagnement adapté. C’est notamment le cas d’Éléonore, 21 ans, aujourd’hui en deuxième année de droit à l’EPHEC.

Après l’obtention de son CESS dans une école catholique, Éléonore commence un bachelier en droit à l’ULB. Mais rapidement, elle se sent dépassée par la quantité de travail et la complexité des cours.

« Je n’étais pas préparée à cette charge mentale, et j’ai vite eu du mal à gérer la pression », dit-elle.

Face à ces difficultés, son moral décline. À la fin de l’année, elle échoue à plus de la moitié de ses examens, ce qui la plonge dans un profond sentiment de frustration et de culpabilité.

Déterminée à réussir, elle décide de recommencer son année avec l’objectif d’obtenir tous ses crédits. Mais sans accompagnement, ni tuteur, ni mentor, elle finit par s’isoler. « Je n’avais personne sur qui me reposer ni à qui parler de mes difficultés, car mes amies étaient déjà passées en seconde année, et ça n’a fait qu’empirer la situation », explique-t-elle. Cette solitude, couplée à un stress omniprésent, l’empêche d’améliorer ses résultats et finit par peser lourdement sur son bien-être mental.

Une situation qui peut-être évitée

Le témoignage d’Éléonore n’est pas un cas isolé. De nombreux étudiants belges peinent à trouver un soutien psychologique adapté, que ce soit par manque d’informations de l’université soit  par un nombre insuffisant de professionnels sur les campus. Les délais pour obtenir un rendez-vous avec un psychologue, qui sont déjà surchargés, sont souvent longs, et beaucoup ignorent quelles ressources sont mises à leur disposition.

Face à la recrudescence des troubles mentaux chez les jeunes, il est temps que les différents types d’établissements d’études supérieures augmentent leurs efforts dans des campagnes de sensibilisation et sur la mise à disposition de professionnels de la santé. L’accès aux soins psychologiques doit être facilité, avec davantage de psychologues disponibles et à l’écoute, afin d’éviter que des étudiants, comme Éléonore, ne se retrouvent seuls face au mur.