« Un Captain America noir, c’est un symbole fort, mais ça a toujours existé »
Alors que le film Captain America: Brave New World est sorti en salles le 12 février dernier, mettant en lumière Sam Wilson, un homme noir, troquant son costume de Falcon pour celui de Cap’, Jérémy, 22 ans, Belgo-Congolais et passionné de l’univers Marvel depuis toujours partage son ressenti face aux critiques concernant le passage de flambeau (ou de bouclier) d’un héros blanc à un héros noir.
Une passion née avec Spiderman
Dans les allées de Pêle-Mêle, une boutique bruxelloise spécialisée dans les livres et comics d’occasion, Jérémy scrute les étagères remplies de bandes dessinées aux couvertures éclatantes. Je viens ici depuis des années, confie-t-il en feuilletant un vieux numéro de SpiderMan. “C’est ici que j’ai trouvé certains de mes comics préférés”.
Fan de l’univers Marvel depuis la maternelle, il grandit avec les films SpiderMan de Sam Raimi, qui l’ont immédiatement marqué. “C’était la mode à l’époque. Il y avait les films de 2002, 2004, 2006… tout le monde parlait de SpiderMan, et c’est un héros auquel on peut facilement s’identifier. Il est jeune, il galère dans sa vie, il est humain.”
Mais au fil des années, il a aussi observé les évolutions du MCU (Marvel Cinematic Univers), notamment en matière de diversité et de représentation des minorités. Si certains ont longtemps critiqué le manque de héros noirs en tête d’affiche, Jérémy, lui, n’a jamais ressenti de problème à ce niveau. Même s’il comprend que le manque de représentation au sein des films peut être un vrai problème pour certains, étant également fan de l’univers Marvel en comics, il s’est toujours senti représenté. Dans ceux-ci, “il y en a pour tout le monde, que ça soit origine, genre, orientation sexuelle, religion ; qui que nous soyons, un ou des personnages nous correspondent toujours dans les comics que ça soit de près ou de loin et c’est ça que j’aime chez Marvel”.
C’est sur ce principe que Stan Lee, le créateur de Spiderman et d’énormément d’autres personnages s’est basé quand il a créé l’homme araignée, il voulait que tout le monde puisse s’imaginer derrière le masque et c’est le cas de Jeremy, qui, même si il n’a ni la même couleur de peau, ni la même origine s’est vu en Peter Parker et ça depuis tout petit.
Marvel et la diversité : une réalité déjà présente ?
Contrairement à l’idée répandue selon laquelle Marvel aurait tardé à intégrer des héros issus de la diversité, Jérémy voit les choses autrement. “Marvel, c’est un univers qui a toujours été inclusif. Dans les comics, ils essaient depuis le début de parler à tout le monde, peu importe la religion, l’origine, la couleur de peau.”
Même si les héros noirs étaient souvent des personnages secondaires dans les films, comme War Machine ou encore Falcon, il rappelle que des figures comme Black Panther existaient déjà bien avant leur adaptation sur grand écran. “Black Panther est arrivé tard dans le MCU, mais dans les comics, il était là depuis longtemps. Il représente l’Afrique, même si le Wakanda reste un pays fictif.” En effet, Black Panther a fait ses débuts dans les comics en 1966, bien avant d’être introduit au cinéma en 2016 dans le film Captain America Civil War et pour ensuite avoir son propre film en 2018 .
Pour Jérémy, voir Black Panther au cinéma était une chose normale et dans la continuité de ce que Marvel propose, mais il se souvient que pour ses amis c’était vraiment différent, “c’était la première fois pour la plupart qu’ils voyaient un super-héros noir, qui leur ressemblait, être le personnage principal d’un film aussi important et qui mettait en valeur l’Afrique avec un casting presque totalement afro américain, y a eu une vraie mode Black Panther dans la communauté noire après ce film et encore plus après le deuxième, je me souviens les gens reprenaient le signe Wakanda Forever, même ceux qui n’étaient pas forcement de grand fans de Marvel. ”
Pour lui, l’idée que Marvel aurait « forcé » la diversité ces dernières années ne tient pas. “Dans les comics, ça a toujours été comme ça. Il y a toujours eu plusieurs versions des super-héros, avec des identités différentes.”
Un Captain America noir : une polémique prévisible
L’annonce du passage de flambeau entre Steve Rogers et Sam Wilson n’a pas fait que des heureux. Dès la sortie de Falcon et le Soldat de l’Hiver, de nombreux fans ont critiqué ce choix, certains voyant dans ce changement une volonté de rendre la franchise « trop politique ». Un hashtag #NotMyCaptainAmerica à même été lancé sur les réseaux sociaux.
“Il y a eu du rejet, forcément. Surtout de la part de ceux qui trouvent qu’on met des personnages noirs partout juste pour faire ‘woke’. Ces gens-là ne comprennent pas que ça existe déjà dans les comics depuis longtemps.” explique Jeremy à la fois amusé et agacé.
Jérémy explique que la confusion vient souvent d’une méconnaissance du fonctionnement des super-héros. « Dans les comics, une même identité de super-héros peut être portée par plusieurs personnes différentes. Il y a plusieurs SpiderMan: Peter Parker, Miles Morales, Ben Reilly… mais ils sont tous SpiderMan. C’est pareil pour Captain America. Steve Rogers, ce n’est pas le seul Captain America, c’est juste le premier. »
Un pas en avant, mais une évolution naturelle
Pour Jérémy, voir un Captain America noir est une avancée symbolique, mais ce n’est pas une « révolution » en soi. “Ça montre qu’on avance, qu’un personnage aussi iconique peut être porté par un acteur noir. Mais ce n’est pas quelque chose d’inhabituel dans les comics. C’est juste que certaines personnes ne connaissent que les films et découvrent ça maintenant.”
En ce qui concerne l’avenir du MCU, il est convaincu que la diversité va continuer à s’imposer naturellement. “Il y a plein de personnages hyper variés dans les comics, donc en les adaptant, forcément, on va avoir plus de diversité. Il y a des super-héros asiatiques, latinos, africains… et avec les X-Men qui arrivent, ça va aller encore plus loin, parce que leur histoire, c’est littéralement une métaphore des discriminations.”
Un message aux sceptiques
Alors que Captain America: Brave New World est en salle, Jérémy pense que les débats autour du personnage vont finir par s’apaiser avec le temps. “C’était pareil avec Miles Morales. Au début, des gens râlaient, et aujourd’hui, c’est l’un des SpiderMan préférés du public.”
Aujourd’hui, Captain America n’est plus seulement un homme blanc avec un bouclier. Il est devenu un symbole qui dépasse l’identité de celui qui le porte. “Ce qui compte, ce sont ses valeurs. Captain America, c’est l’espoir, la justice… et ça, ça peut être incarné par n’importe qui.” répond Jérémy d’un air fier.
Quant à ceux qui continuent de voir dans ces évolutions une forme de « propagande », il a une réponse simple : “Ces films sont faits pour le monde entier. Pourquoi se plaindre quand ils représentent enfin le monde entier ?”.

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