Record d’enfermement : l’alerte rouge des prisons belges
En Belgique, la surpopulation carcérale atteint des niveaux jamais vus depuis des décennies. Au début de 2025, plus de 13 000 personnes étaient détenues pour une capacité théorique d’environ 11 000 à 12 000 places. Résultat : dans plusieurs établissements, des dizaines de détenus dorment sur des matelas posés à même le sol, une situation que les associations de défense des droits humains qualifient d’ « inhumaine ».

Au printemps 2025, la population carcérale a grimpé à 13 018 détenus, plongeant le système dans une véritable crise humanitaire, avec 267 personnes dormant sur des matelas à même le sol. À Dinant, la prison a résonné d’échos d’urgence : en 2024, elle accueillait 60 prisonniers pour un total de 32 cellules. La situation n’est pas isolée. À Dendermonde, autre prison ouverte en 2022, fait face aux mêmes tensions humaines. En parallèle, la prise en charge psychiatrique des détenus est jugée très insuffisante, avec 193 personnes nécessitant des soins spécialisés pour un encadrement bien faible.
Nous avons rencontré Madame Roxane Beaujot, greffière à la prison de Dinant. Elle nous explique les conditions de vie des détenus à la maison d’arrêt de Dinant : « Une cellule est normalement prévue pour une seule personne, alors que là, ils vivent à deux dans un espace réduit. Ils vivent dans une cellule de 9 m², sans aucune intimité lorsqu’ils doivent utiliser les toilettes. » Mme Beaujot nous donne aussi une des raisons de la surpopulation à Dinant : « Les maisons d’arrêt de Dinant et de Namur sont les deux seules de l’arrondissement, et en tant que maison d’arrêt, nous devons accepter toutes les personnes placées sous mandat d’arrêt amenées chez nous. »

Une crise qui dure
Le phénomène n’est pas nouveau. Depuis plus de vingt ans, la Belgique est régulièrement condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour ses conditions carcérales. Le Royaume était d’ailleurs positionné, en juin 2024, dans le top 5 des prisons les plus surpeuplées d’Europe. Pourtant, les chiffres continuent de grimper. Les causes sont multiples : hausse des peines prononcées, lenteur des procédures, réticence à utiliser des alternatives à la prison.
La ministre de la Justice reconnaît l’ampleur de la crise et promet des réformes. Mais sur le terrain, détenus comme surveillants craignent que la situation ne se dégrade encore avant de s’améliorer. Derrière les murs, la promiscuité et l’insalubrité sont devenues la norme. Et tant que le débat public ne se penchera pas sérieusement sur la finalité de la prison, les matelas au sol risquent de rester, tragiquement, le symbole de l’enfermement en Belgique.
Cela met en lumière l’ampleur et les vents contraires d’une crise humaine ancrée dans la réalité quotidienne des détenus — saturation, conditions dégradées, santé mentale en jeu. Il montre combien la dignité carcérale est aujourd’hui en péril, et appelle à des propositions durables.
