« Je passe parfois des nuits sans dormir» : le conflit israélo-palestinien pèse sur la jeunesse bruxelloise
Alors que les bombes explosent à des kilomètres à Gaza, elles retentissent jusqu’à Bruxelles. Depuis le 7 octobre 2023, les images retraçant le conflit en direct sont de plus en plus présentes. Ce qui peut être une source d’angoisse pour de nombreux jeunes. Rencontre avec Ayoub, un jeune étudiant de 24 ans très touché par la situation au Moyen-Orient.
Depuis le 7 octobre au 30 juillet 2025, 62 747 personnes sont décédées du conflit et 163 836 personnes sont blessées à la fois sur les territoires occupés, en Cisjordanie ou à Gaza compatibilise Statista. Malgré ces chiffres, le conflit continue toujours aujourd’hui et l’impact mondial est bien réél.
Tu suis régulièrement l’actualité du conflit ?
Oui, je suis l’actualité de manière active. Je fais en sorte de voir le moins d’images possibles, même si on peut difficilement y échapper. Je me suis abonné à tous types de grands et petits média sur X et Instagram de sorte à ce que l’information défile quotidiennement et de temps en temps je vérifie les informations dans différents medias spécialisés comme Orient XXI qui développe plus en profondeur les évènements.

Photo de MART PRODUCTION
As-tu un lien particulier avec ce conflit ?
Depuis jeune je m’intéresse à la question vu que j’ai un grand frère très engagé pour les droits humains et qui parlait énormément de la colonisation. Ensuite, j’ai eu l’occasion de participer à deux reprises à un voyage organisé par AIM (Actions in the Mediterranean), qui m’a emmené dans la région pour analyser la situation directement sur place, ce qui m’a permis de me lier d’amitié avec différentes personnes sur place et qui m’a encore plus rattaché à la région.
Impact et santé mentale
Ce conflit affecte-t-il ton quotidien ou ton moral ?
On ne peut qu’être déprimé par l’actualité, déjà avant même le 7 octobre je suivais pas mal l’actualité liée à la vie des palestiniens sous blocus à gaza ou sous occupation en Cisjordanie. Mais après le 7 octobre c’est devenu terrible, je passe parfois des nuits sans dormir quand l’actualité est très rude, pour avoir les dernières informations. Cela m’affecte énormément en tant qu’étudiant, par exemple, lors de mon blocus de janvier 2024 j’étudiais mes cours tout en écoutant en fond les infos, je pouvais difficilement me détacher de mon téléphone ce qui n’est pas dans mon habitude.
As-tu la possibilité d’en parler autour de toi ?
Au début, on en parlait énormément en famille ou avec des amis mais maintenant on ne le fait plus et pas par lassitude mais parce que l’information se résume à des centaines de personnes qui meurent par jour. On ne trouve plus quoi dire à part « Tu as vu aujourd’hui il y a X femmes, enfants, hommes qui sont morts », on ne débat plus de la question entre nous, parce que la situation, nous l’avions clarifiée bien avant. Quoi qu’en disent certains médias ou géo politologues, c’est un génocide qui a lieu et cela pour des raisons totalement coloniales et racistes. On ne préfère donc continuer à se questionner sur comment se mobiliser.
Résilience quotidienne
Qu’est-ce qui t’aide à garder un équilibre malgré le poids de ce conflit ?
Sincèrement rien, l’équilibre est bousillé, je ne cherche pas à vivre avec le poids de cette actualité, je fais en sorte que ma vie tourne autour de cette question, que mes travaux scolaires abordent la question, que je puisse me construire de sorte à être un outil à la propagation des droits humains, à la libération de tous les peuples occupés et à l’opposition à tous les systèmes d’oppression et de colonisation dans le monde. Je fais partie de cette génération qui préfère concevoir un présent sacrifié pour un avenir bien meilleur, je ne pense pas à comment aller mieux malgré l’actualité mais comment faire en sorte que l’actualité aille mieux.
Ce qui est certain c’est que la jeunesse bruxelloise est davantage politisée et bousculée par les conflits politiques, les drames mondiaux, les crises sanitaires, une génération souvent pointée du doigt à cause de leur prétendue « flemme », rarement à juste titre.
« Je fais partie de cette génération qui préfère concevoir un présent sacrifié pour un avenir bien meilleur, je ne pense pas à comment aller mieux malgré l’actualité mais comment faire en sorte que l’actualité aille mieux. »
