Le travail, c’est ma clé pour trouver ma place ici
Arrivé du Maroc il y a quelques années, Karim Jnane a dû tout reconstruire en Belgique. Aujourd’hui agent de sécurité à l’aéroport de Bruxelles, il raconte comment son emploi lui a permis de s’intégrer et de se projeter dans un avenir qu’il ne voyait pas dans son pays natal.
Il serre sa veste noire contre lui, comme s’il se tenait toujours prêt à repartir en ronde. Karim Jnane, 35 ans, parle avec un accent qui laisse deviner ses origines. Mais c’est en français, la langue qu’il a perfectionnée depuis son arrivée en Belgique, qu’il choisit ses mots : Quand je suis arrivé, je n’avais rien. Pas de travail, pas de famille ici. Juste une envie : réussir.

Aujourd’hui, Karim est agent de sécurité à l’aéroport de Bruxelles. Un métier qu’il partage avec sa femme, Adèle. « On se croise parfois entre deux shifts, ça nous fait sourire », raconte-t-il. Mais derrière l’humour, il y a une histoire de ténacité.
Pourquoi avoir quitté le Maroc ?
Chez moi, je n’avais pas d’opportunités. J’avais étudié, j’avais travaillé, mais il n’y avait pas d’avenir qui me convenait. Je voyais des amis partir, et je me suis dit que je devais essayer. Ce n’était pas facile : quitter ma famille, mes habitudes, ce n’est pas une petite décision.
Comment se sont passés vos débuts en Belgique ?
Franchement, c’était dur. J’ai dû accepter des petits boulots, parfois au noir, juste pour tenir. La langue, l’administration, le regard des autres… tout ça, c’est un combat quotidien. Mais j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont tendu la main, et je me suis accroché.
Qu’est-ce qui a changé avec le travail à l’aéroport ?
Ça a été un tournant. J’ai suivi une formation, j’ai réussi les tests, et j’ai enfin eu un contrat stable. Là, je me suis senti reconnu. Dans ce travail, je protège des gens, je fais partie d’une équipe. C’est comme si, tout à coup, j’avais une place.
Qu’est-ce que ce métier vous apporte en dehors du salaire ?
La dignité. Quand je dis à ma famille au Maroc ce que je fais, ils sont fiers. Moi aussi. Je peux envoyer de l’argent, mais surtout je sais que j’ai construit quelque chose par moi-même. Ici, j’ai ma maison, ma femme, un projet. C’est plus que ce que j’espérais.
Et aujourd’hui, que diriez-vous à ceux qui arrivent comme vous l’avez fait ?
Je leur dirais de ne pas lâcher. Oui, c’est dur, mais le travail, c’est la clé. Même si on commence petit, ça ouvre des portes. Et il faut croire en soi, même quand personne ne croit en vous.
Il regarde sa montre, comme s’il était déjà attendu ailleurs. Avant de se lever, il ajoute : Je sais que je ne serai jamais complètement d’ici. Mais au moins, maintenant, j’ai ma place.
Karim repartira bientôt assurer une nouvelle ronde à l’aéroport. Là où, chaque jour, il veille sur des voyageurs qui, comme lui, connaissent parfois le poids du départ et l’espoir de l’arrivée.